Crash du vol d’Air Algérie : les différentes hypothèses

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ZOOM - Aucune piste permettant d’expliquer la disparition de l’appareil au nord du Mali n’était exclue jeudi soir.

INFO. Qu’est-il arrivé au vol AH5017 ? La question était sur toutes les lèvres jeudi soir après la disparition d’un avion d’Air Algérie au-dessus du Mali, avec 116 passagers dont 21 Français à son bord. "Tout laisse penser que cet avion s'est écrasé", a indiqué  le président François Hollande jeudi soir. Selon le chef de l'Etat français, l'équipage espagnol a signalé qu'il changeait de route "en raison de conditions météo particulièrement difficiles". "On ne peut exclure aucune hypothèse, la seule chose que nous sachions de manière certaine c'est l'alerte donnée (par le pilote)", a déclaré sur France 2 Laurent Fabius. Que s’est-il passé ? Europe 1 dresse la liste des hypothèses envisageables.

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La météo est-elle en cause ? C’est la première des possibilités envisagées jeudi soir. Peu de temps avant que le contact ne soit perdu, l’avion a dû changer de cap alors qu’il survolait le nord du Mali. "L'avion n'était pas loin de la frontière algérienne quand on a demandé à l'équipage de se dérouter à cause d'une mauvaise visibilité et pour éviter un risque de collision avec un autre avion assurant la liaison Alger-Bamako", selon une source au sein d’Air Algérie. "Le signal a été perdu après le changement de cap", a-t-elle indiqué. D’autre part, une source officielle malienne a indiqué que le contact avec l'avion avait été perdu dans la région de Gao, secouée par de "forts orages".

>> L’avis de Bernard Chabbert, consultant aéronautique d’Europe 1 :

Bernard Chabbert : "un appareil, ça n’explose...par Europe1fr

"Un appareil, ça n’explose pas en vol comme ça d’un coup même si la météo est désastreuse. Les conditions au-dessus du désert du nord du Mali étaient certes probablement difficiles mais pas impossibles à maîtriser pour un avion tel que ce MD 83. Il y a toujours moyen de faire que quelque chose", estime-t-il. "Et comme il semble que cet appareil était bien entretenue et bien piloté, la thèse d’un avion qui se disloque en plein vol, tient mal la route", ajoute Bernard Chabbert. 

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L’avion a-t-il connu un problème technique ? C’est une possibilité parmi d’autres. Cependant, on sait que l'avion, un McDonnell 83 affrété à la compagnie espagnole de leasing Swiftair, avait été examiné par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) française "il y a deux ou trois jours" et était "en bon état", selon le directeur général de l’institution. "Nous le connaissons, il est passé en France, à Marseille, il y a deux ou trois jours. Nous l'avons examiné et nous n'avons quasiment rien trouvé, il (était) vraiment en bon état", a déclaré Patrick Gandil, devant le siège parisien de la DGAC.

>> L’avis de Bernard Chabbert :

"Cet avion était en ligne depuis 1996, ce qui n’en fait pas un avion spécialement âgé. Il avait effectué 32.000 cycles (un cycle=un vol), ce qui pour un avion de ce type n’est pas exceptionnel ", explique le consultant aéronautique d’Europe 1. "L’avion était semble-t-il plutôt bien entretenu. (Une défaillance technique) n’est pas à exclure d’une hypothèse mais on se dit qu’en (altitude et en vitesse) de croisière, 50 minutes après le décollage, même si la météo n’est pas particulièrement calme, c’est un accident un peu étrange".

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A-t-il été abattu dans une région aux mains d’AQMI ? L’avion a disparu dans une zone désertique, au nord de Gao, où sont susceptibles de se trouver différents groupes terroristes. Dès lors, l’avion peut-il avoir été abattu par un tir de missile ?

>> L’avis de Didier François : spécialiste Défense d’Europe 1 :

"L’avion volait de nuit a priori à 10.000 mètres d’altitude. Il n’y a aucun moyen technique aujourd’hui disponible dans le Sahel aux mains des groupes terroristes qui permette d’abattre un avion à cette hauteur-là", explique le journaliste tout en nuançant ses propos qui s’appuient sur les données connues à ce jour. "Dans le massif des Ifoghas, qui était le fief d’Aqmi, l’armée française a découvert 20 tonnes de matériel, dont du matériel lourd, mais absolument aucun élément anti-aérien capable de tirer à cette hauteur. Pour faire venir un élément de ce type-là, des engins chenillés, en plein milieu du désert, c’est impossible. Ils auraient été repérés", poursuit-il.

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Un engin explosif peut-il avoir été embarqué dans l’avion ? Mathieu Guidère, spécialiste du terrorisme et des groupes islamistes, s'est inquiété jeudi sur Europe 1 du "timing" de cette disparition. Il rappelle que "nous sommes dans les trois derniers jours du Ramadan et en particulier dans la nuit du Destin, très recherchée par les djihadistes en général comme une sorte de nuit du martyr en quelque sorte". Selon le spécialiste, de nombreux djihadistes profitent de cette journée pour "mener des actions très meurtrières dans différents endroits". Dès lors, peut-on penser à un attentat mené par le biais d’un engin explosif embarqué dans l’avion en déjouant les mesures de sécurité à l’aéroport de Ouagadougou ?

>> L’avis d’Alain Chouet, ancien chef de service à la DGSE :

"Je ne sais pas si c’est une piste crédible mais elle ne peut pas être exclue. Ce n’est pas si difficile de franchir les barrages de sécurité dans un certain nombre d’aéroports africains", estime l’ancien professionnel du renseignement avant d’ajouter : "on ne peut pas exclure l’embarquement d’une bombe à bord".