Avec le "Charles de Gaulle", la France monte en puissance en Irak

© AFP/PATRICK BAZ
  • Copié
Didier François et , modifié à
DÉCRYPTAGE - La France a envoyé son porte-avions sur le terrain irakien pour lutter contre l'organisation Etat islamique.

La France hausse encore le ton contre l'organisation Etat islamique. Paris a lancé lundi son emblématique porte-avions Charles de Gaulle. Parti le 13 janvier de la base navale de Toulon, le Charles de Gaulle est désormais engagé dans une opération militaire aérienne démarrée en septembre 2014. Depuis cinq mois, des avions français frappent des cibles djihadistes en Irak, aux côtés de seize autres pays. Dans la matinée, les premiers avions ont décollé du pont, sous l’œil du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. 

Une montée en gamme de la capacité de frappe. Avec 2.000 membres d’équipage, dont 700 uniquement pour l’aérien, l’engagement du Charles de Gaulle marque une évidente montée en puissance de la participation française à la coalition contre l’organisation Etat islamique.

Charles de Gaulle

© AFP/PATRICK BAZ

Jusqu’à présent, quinze avions français étaient engagés dans l’opération baptisée "Chammal" : neuf Rafale basés aux Emirats arabes unis et six Mirage en Jordanie. Désormais, 24 avions supplémentaires sont à disposition : 12 Rafale et 12 Super Etendard, soit une capacité de 50 missions par jour. La France triple quasiment ses capacités militaires.

Par ailleurs, les avions F18 américains sont capables d’aponter sur le porte-avions français, tout comme les Rafale de l’armée française peuvent le faire sur le bâtiment américain, également engagé sur ce terrain. L’arrivée du Charles de Gaulle dans le Golfe persique marque donc une preuve supplémentaire de l’implication politique de la France dans la coalition.

Une nouvelle phase stratégique. L’implication du porte-avions était négociée depuis presque quatre mois, s’inscrit dans une stratégie de montée en puissance. L'efficacité de l'offensive du groupe Etat islamique cet été a surpris l'ensemble des observateurs et forcé une coalition menée par les Etats-Unis à une réponse dans l'urgence. Les objectifs militaires ont évolué avec le temps : empêcher la chute de Bagdad, aider les Kurdes à bloquer la progression des colonnes de djihadistes sur le nord de l’Irak, défendre les Yézidis dans le mont Sinjar et faire tenir la ville de Kobané en Syrie – des armes y ont été envoyées.

A partir du mois de décembre, on a assisté à un début de reconquête sur les positions de l’organisation Etat islamique. Désormais, l’opération Chammal passe à la phase supérieure qui consiste en une surveillance permanente et surtout une flexibilité qui permet de frapper les djihadistes dès qu’ils se regroupent. C’est tout l’intérêt de l’implication du Charles de Gaulle à la limite des eaux territoriales irakiennes. Les avions français devraient rejoindre leurs objectifs en une heure et demi de vol environ, soit deux fois moins que depuis la base d'Al-Dhafra, aux Émirats arabes unis.

Quel coût pour la participation française à la coalition ? Pour l’instant, le coût exact de l’opération Chammal n'est pas connu mais il devrait se chiffrer entre 1 et 1,3 milliard d’euros. Le budget de la Défense doit en assumer environ 20% et le reste sera pris sur le budget général de l’Etat.