Autriche : on peut dire "fuck" au vice-chancelier, estime la justice

Heinz-Christian Strache a été débouté de sa demande par la Cour d'appel de Vienne.
Heinz-Christian Strache a été débouté de sa demande par la Cour d'appel de Vienne. © JOE KLAMAR / AFP
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avec AFP , modifié à
La Cour d'appel de Vienne a estimé que le "rejet d'un dirigeant politique" pouvait être exprimé de "façon provocatrice et choquante". 

En Autriche, on peut adresser un doigt d'honneur et dire "fuck" à un homme politique, fût-il vice-chancelier, si cela est argumenté : ainsi en a décidé la Cour d'appel de Vienne qui a invoqué la liberté d'opinion, a-t-elle annoncé jeudi.

"Liberté d'opinion". Saisie par le dirigeant d'extrême droite et vice-chancelier Heinz-Christian Strache, qui avait attaqué un groupement d'extrême gauche pour "insultes publiques" après avoir été invectivé lors d'une manifestation, la Cour a confirmé un jugement de première instance qui avait débouté le plaignant. Dans un jugement rendu mercredi, les juges ont souligné que le "rejet d'un dirigeant politique" pouvait être "exprimé de façon provocatrice et choquante" et que cela représentait "un élément fondamental de la liberté d'opinion".

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et réalisée lors d'une manifestation en octobre, des militants de l'organisation d'extrême gauche "Linkswende jetzt" (A gauche toute maintenant) avaient détaillé toute une série de raisons selon eux de dire "fuck Strache", doigts d'honneur à l'appui. Le groupuscule a salué jeudi "une victoire pour la liberté d'opinion et pour la liberté de la presse" et estimé que désormais tout discours politique pouvait intégrer la phrase "je dis fuck à Strache, parce que".

La France et la Cour européenne en désaccord. En France, un manifestant de 57 ans avait été condamné en 2009 à 30 euros d'amende pour "offense au chef de l'Etat", après avoir brandi une affichette "Casse-toi pov'con" au passage du cortège du président de l'époque, Nicolas Sarkozy. La Cour européenne des droits de l'homme avait toutefois jugé en 2013 que la France avait violé la liberté d'expression avec cette condamnation.