Automobile : l'UE juge les menaces américaines "difficiles à comprendre" et "farfelues"

L'UE juge "farfelue" l'invocation de la sécurité nationale par les Etats-Unis pour justifier la menace d'augmenter les taxes sur les importations d'automobiles.
L'UE juge "farfelue" l'invocation de la sécurité nationale par les Etats-Unis pour justifier la menace d'augmenter les taxes sur les importations d'automobiles. © AURORE BELOT / AFP
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avec AFP , modifié à
"Si les Etats-Unis augmentaient unilatéralement les droits de douane sur les voitures, ce serait évidemment contraire aux règles de l'OMC", estime le vice-président de la Commission. 

Le vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen a affirmé jeudi que d'éventuelles taxes américaines sur les automobiles de l'UE, envisagées par Donald Trump, seraient "très difficiles à comprendre". "Si les Etats-Unis augmentaient unilatéralement les droits de douane sur les voitures, ce serait évidemment contraire aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et il est très difficile d'imaginer que (les importations d'automobiles) créent la moindre menace à la sécurité nationale" américaine, a-t-il expliqué. "C'est très difficile à comprendre", a-t-il estimé.

Taxes qui pourraient atteindre 25%. Le secrétaire du Commerce américain, Wilbur Ross, a lancé mercredi une enquête sous la Section 232 sur les importations de véhicules, y compris les camions et les pièces détachées, pour déterminer leur impact sur la sécurité nationale américaine, ce qui pourrait donner une base légale à des taxes douanières. Ces taxes pourraient culminer à 25% sur les importations de véhicules, d'après le Wall Street Journal. Et cette nouvelle menace douanière américaine intervient alors qu'expire le 1er juin l'exemption de taxes accrues sur les importations d'acier et d'aluminium dont bénéficie l'UE depuis mars.

Invoquer la sécurité nationale est "farfelu". "Nous pensons que rien ne justifie que les États-Unis imposent des droits de douane sur l'acier et l'aluminium pour des raisons de sécurité nationale. Invoquer la sécurité nationale serait encore plus farfelu dans le cas de l'industrie automobile", a développé un porte-parole de la Commission. "Nos discussions avec les États-Unis sur les tarifs douaniers sont en cours", a-t-il rappelé. Les Européens se sont dit prêts la semaine passée à débuter des discussions avec les Etats-Unis pour abaisser les barrières douanières dans l'industrie, y compris les automobiles, mais à condition qu'ils soient définitivement exemptés des taxes sur l'acier et l'aluminium.

Divergences du côté de l'Allemagne. Des divergences se sont cependant dessinés ces derniers jours, notamment entre d'un côté l'Allemagne, pour qui le secteur automobile est particulièrement sensible et qui privilégie coûte que coûte le dialogue, et de l'autre la France, qui paraît plus réticente à l'idée d'un accord de libre-échange, même a minima, avec Washington. Les taxes européennes sur les importations de voitures en provenance des Etats-Unis et des pays hors UE s'élèvent à 10%, quand les droits de douane américains sur celles en provenance de l'Union européenne ne s'élèvent qu'à 2,5%.

Toutefois, au sein du secteur automobile, les Etats-Unis taxent les importations de camions et de pick-up (camionnettes à plateau) à hauteur de 25% alors que les importations de ces mêmes produits au sein de l'UE sont taxées dans une bien moindre mesure, à 14% en moyenne.