Au Venezuela, la pénurie de PQ est LE sujet

Dans les supermarchés du Venezuela, les étals se vident.
Dans les supermarchés du Venezuela, les étals se vident. © Reuters
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Charles Carrasco , modifié à
ZOOM - Nicolas Maduro, le président et Henrique Capriles, l'opposant numéro un, s'écharpent sur le sujet.

L'INFO. C'est le dernier terrain d'affrontement entre le président, Nicolas Maduro et son plus farouche opposant, Henrique Capriles. A quelques heures d'une décision de la Cour suprême sur les résultats des élections présidentielles, les deux principaux représentants du Venezuela se sont écharpés sur… un problème de papier toilettes. La raison ? Une pénurie de cet accessoire de première nécessité touche le Venezuela qui en consomme 125 millions de rouleaux par mois.

L'opposition accuse Maduro de ne pas pouvoir faire face à ce problème. Le gouvernement dénonce une "campagne médiatique" orchestrée de toutes pièces.

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Les gens ne vont "plus supporter". L'ancien candidat à la présidentielle, qui a perdu les élections en avril dernier, Henrique Capriles se défend pour autant de "souffler sur les braises". "Rendez-vous compte que dans ce pays, qui possède les plus importantes réserves de pétrole de la planète, nous n'avons pas de papier hygiénique", s'insurge-t-il.  "Si le gouvernement ne peut y apporter une solution (...) alors la situation va devenir de plus en plus conflictuelle", prévient Henrique Capriles.

"Les gens ne vont tout simplement pas supporter plus longtemps une telle situation (…) S'ils ne rectifient pas le cap, ils courent directement à l'échec. Et qui va les faire échouer ? Le peuple vénézuélien. C'est vers cela qu'ils se dirigent", martèle le chef de l'opposition.

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La révolution et des "rouleaux". Le gouvernement a donc annoncé il y a quelques jours qu'il allait importer 50 millions de rouleaux de papier toilette. "La révolution ramènera au pays l'équivalent de 50 millions de rouleaux de papier toilette (…) pour que notre peuple se tranquillise et comprenne qu'il ne doit pas se laisser manipuler par la campagne médiatique autour de cette pénurie", assure le ministre du Commerce, Alejandro Fleming. Il récuse le terme de "pénurie". Il y a simplement une "demande plus grande" d'environ 40 millions de rouleaux supplémentaires.

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Le manque de produits de première nécessité. Cette "pénurie" de papier toilette illustre un problème plus large du manque des produits de première nécessité. Dans les supermarchés du Venezuela, les étals se vident. "J'ai passé toute ma journée de mardi à chercher du sucre. J'ai fini par renoncer. Nous n'avons plus de papier toilette depuis plusieurs semaines", raconte Paola, une habitante d'un quartier chic, interrogée par Le Figaro.

Selon l'analyse faite par le gouvernement, ces "pénuries" sont dues aux achats compulsifs faits par certains Vénézuéliens et ce, à cause de l'inquiétude "entretenue par l'opposition" et des "manipulations "orchestrées par des entreprises qui la soutiennent.

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Des prix plafonnés. Ces "pénuries" sont les résultantes d'une politique. Une limite sur les prix de ces produits de première nécessité avait déjà été mise en place par Hugo Chavez, le président défunt du Venezuela. Le prix du sucre,du lait, de la farine ou du fameux papier toilette a été plafonné. Nicolas Maduro, qui poursuit la politique du "Comandante", avait menacé l'entreprise Polar, le plus important distributeur alimentaire, de "représailles" si les prix continuaient à monter.

Riche en pétrole, l'économie vénézuélienne reste toujours hyper-dépendante des importations étrangères. En réalité, les prix de ces produits de première nécessité, contrôlés par l'Etat, sont vendus en dessous du prix de leur coût de production, explique El Pais. Et lorsque les prix sont bas, l'offre d'un produit diminue et la demande augmente. Les fabricants étrangers perdent donc de l'argent en produisant et les commerçants en vendant ces produits, ce qui a fait tomber l'offre car elle n'est pas jugée assez rentable. C'est exactement ce qui est arrivé au Venezuela. Pendant ce temps, les produits qui ne sont pas contrôlés par l'Etat, eux, grimpent en flèche en raison de l'inflation galopante, autour de 20% en 2012.