Mexique : ils avouent avoir tué 17 étudiants

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avec AFP , modifié à
RÉPRESSION - Deux membres d'un gang mexicain ont reconnu avoir tué 17 étudiants dans la ville d'Iguala. Ils affirment avoir agi sur les ordres du directeur de la sécurité publique de la commune. 

Une répression sanglante menée par des gangsters. Des membres d'un gang impliqués dans la répression d'une manifestation estudiantine, un directeur des forces de l'ordre accusé d'avoir commandité l'assassinat de jeunes gens, voilà l'intrigue de l'affaire qui passionne le Mexique depuis le 29 septembre dernier.

43 disparus toujours pas retrouvés. Tout commence ce soir-là, quand les étudiants de l'Etat de Guerrero, dans le sud du Mexique, se réunissent à Iguala, pour manifester pour leurs droits. Les groupes de jeunes gens s'emparent de plusieurs autobus, mais l'opération tourne rapidement à la guérilla urbaine. Les forces de l'ordre répriment le mouvement avec une rare violence. Ce soir-là, on déplore six morts chez les manifestants, et pas moins de 43 disparus, dont le sort émeut le pays entier.

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Ils avouent l'assassinat et accusent le directeur de la sécurité de la ville. Depuis, l'inquiétude a grandi encore dans la nuit de dimanche à lundi, puisque deux membres d'un gang local ont reconnu avoir tué 17 d'entre eux lors de cette fameuse soirée. En effet, les témoins qui ont assisté à la répression affirment que les forces de l'ordre étaient épaulées par un groupe d'"hommes armés non-identifiés", dont les deux gangsters interpellés faisaient partie. Les deux hommes, affiliés au groupe Guerreros Unidos, reconnaissent l'assassinat de 17 étudiants et accusent directement le chef de la sécurité publique de la ville d'Iguala d'avoir commandité l'opération.

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Le maire d'Iguala a pris la fuite. Les tueurs ont fait descendre les étudiants d'un autobus, "se sont emparés de 17 d'entre eux pour les transférer vers les hauteurs d'une colline située à proximité où ils ont des fosses clandestines et où ils disent les avoir abattus", a affirmé le procureur Blanco, en charge de l'enquête. Le directeur de la sécurité et le maire de la commune ont pris la fuite juste après cette nuit mortelle. Ils sont activement recherchés par la police.  

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Des tests ADN pour identifier les corps calcinés. Le doute qui entoure encore le sort des autres disparus devrait bientôt être dissipé. Les autorités ont déjà exhumé d'une fosse "28 corps au total, certains complets, d'autres fragmentés, présentant des signes de calcination," a détaillé le procureur. Des traces d'un liquide inflammable, diesel, essence ou pétrole, ont été décelées sur les cadavres. Les familles de disparus sont maintenant confrontées à des tests ADN douloureux, qui entretiennent les proches dans la peur d'apprendre la mort d'un fils, d'une fille. Et de retrouver sa dépouille, à demi-calcinée.

L'un des pires massacres de ces dix dernières années ? Si les corps retrouvés sont bien ceux des étudiants disparus, cette affaire serait l'un des pires massacres perpétrés au Mexique depuis le début de la guerre contre les narco-trafiquants en 2006, qui a déjà fait plus de 80.000 morts.