Au large de Malte, statu quo pour le Lifeline

Le bras de fer du Lifeline est en train de se transformer en bataille de communication.
Le bras de fer du Lifeline est en train de se transformer en bataille de communication. © AFP
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Jean-Jacques Héry, édité par Ophélie Gobinet , modifié à
Les 240 migrants secourus par le navire de l'ONG allemande Mission Lifeline s'apprêtent à passer une troisième nuit en mer, en attendant qu'une solution diplomatique s'esquisse.

Statu quo pour le Lifeline. Alors qu'un mini-sommet réunis à Bruxelles les dirigeants de 16 pays européens sur les enjeux migratoires, le navire de l'ONG allemande Mission Lifeline, avec plus de 230 migrants à bord, attend toujours au large de Malte qu'un port européen veuille bien l'accueillir.

Après avoir été ravitaillés en eau, en nourriture et en médicaments, les 240 migrants secourus par l'ONG s'apprêtent à passer une nouvelle et troisième nuit en mer parce-qu'aucun pays ne veut d'eux. Parmi eux, 14 femmes et quatre bébés. Une situation similaire à celle de l'Aquarius, la semaine dernière, avec une sortie de crise diplomatique qui cette fois-ci, tarde aussi à s'esquisser, malgré l'urgence humanitaire.

Des bateaux qui coupent leurs signaux par crainte de devoir secourir des naufragés. Pourtant, la situation va se reproduire si les Européens n'arrivent pas à s'entendre s'alarme Vincent Cochetel, l'envoyé spécial du Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés en Méditerranée. "Il faut absolument qu'on ait beaucoup plus de prévisibilités sur les lieux de débarquements, autrement, il y aura d'autres situations comme celles-là", prévient-il.

"Ce qui est à risque, c'est la vie des personnes, mais aussi la vie de tout le monde en Méditerranée. Il y a un certain nombre de bateaux commerciaux qui traversent la Méditerranée et qui, maintenant, ferment leurs signaux lorsqu'il y a des appels de détresse parce-qu'ils ont peur de secourir des gens qu'ils ne sauront pas où débarquer", explique-t-il. "Il faut absolument rétablir un peu d'ordre sur la base d'un système équitable de répartition des débarquements et un traitement rapide doit suivre derrière". 

"Pas de viande à bord, seulement des humains". Le bras de fer du Lifeline est en train de se transformer en bataille de communication. Il y a quelques jours, le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, qui refuse toujours d'ouvrir ses portes, parlait de "cargaison de chair humaine". L'ONG allemande lui a répondu dimanche "nous n'avons pas de viande à bord, seulement des humains", avant de l'inviter venir lui-même le vérifier. Selon le Haut commissariat aux Réfugiés (HCR), un nouveau bateau de migrants est parti aujourd'hui des côtes libyennes, avec à son bord 1.000 personnes, la plupart récupérées ou secourues par les gardes-côtes libyens. Mais d'autres seraient toujours dans des embarcations de fortune.