Attentat d'Istanbul : Güngören, le Molenbeek turc

La police turque bloque l'accès à la Mosquée Bleue après l'explosion qui a tué dix personnes à Istanbul, mardi.
La police turque bloque l'accès à la Mosquée Bleue après l'explosion qui a tué dix personnes à Istanbul, mardi. © OZAN KOSE / AFP
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Walid Berrisoul, envoyé spécial en Syrie, et T.M.
Après l'attentat-suicide mardi à Istanbul, où dix allemands sont morts, cinq suspects sont en garde à vue. De nombreuses cellules dormantes de Daech existent vraisemblablement en Turquie.

L'attentat qui a coûté la vie à dix touristes allemands, mardi, en plein centre d'Istanbul, a été attribué au groupe Etat islamique. Le kamikaze serait entré dans le pays comme un simple migrant, venu de Syrie, comme il en arrive de plus en plus à Güngören, un quartier d'Istanbul.

Un véritable réseau d'influence. Dans ce quartier populaire, à moins d'une heure du centre d'Istanbul sur la rive européenne et à deux pas de l'aéroport, la présence des hommes de Daech a été découverte à travers les aveux d'un djihadiste turc capturé l'été dernier dans le nord de la Syrie. Dans une vidéo, il raconte avoir été formé dans une mosquée clandestine située derrière une simple boulangerie. C'est comme ça que Yılmaz, un activiste kurde du quartier, s'est lancé sur leurs traces, pour mettre au jour un véritable réseau d'influence du groupe Etat islamique, aux portes d'Istanbul. "Ils ont infiltré des associations islamiques, de nombreuses écoles coraniques et des centres culturels musulmans. Il y en a plus d'une centaine ici", raconte-t-il.

Drogue, chômage et religion. "A Güngören, il y a beaucoup de problèmes de drogue, beaucoup de chômage et pleins de jeunes qui se tournent vers la religion. C'est très facile pour Daech de les embrigader. Mais dans les rues, vous ne verrez pas beaucoup de barbus ou de femmes en niqab. Ils ne cherchent pas à imposer leurs lois ici. Ils restent au contraire très discrets. On pense qu'ils se servent du quartier comme d'une base opérationnelle. Ils embrigadent les jeunes et ensuite, ils les font partir où ils veulent", explique Yılmaz. Persuadé de la présence de combattants djihadistes, Yılmaz assure qu'après l'attentat, ces deux derniers jours, il n'a vu aucune opération de police dans le quartier.