Attentat de Marrakech : l'accusé nie en bloc

L'attentat avait fait 17 morts, dont 8 Français.
L'attentat avait fait 17 morts, dont 8 Français. © REUTERS
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et Fabienne Le Moal, envoyée spéciale à Rabat , modifié à
Adil Al-Atmani, le suspect numéro un de l'attentat, a clamé son innocence, jeudi, au tribunal.

C'est dans une ambiance tendue qu'a débuté le procès des neuf suspects de l'attentat de Marrakech, jeudi, un peu moins de cinq mois après les faits. L'attentat à la bombe avait été commis le 28 avril sur la terrasse du café Argana, au coeur de la célèbre place Jamaa El Fna à Marrakech, faisant 17 morts, dont huit Français.

Dès le début de l'audience, au tribunal de Salé, le principal accusé, Adil Al-Atmani, s'est adressé en anglais aux familles des victimes, criant au complot et à l'invention terroriste. "Si vous voulez la justice, respectez le tribunal", lui a répondu le président, appelant au calme dans la salle d'audience.

Un accusé qui crie son innocence

Celui qui est considéré comme le cerveau de l'attentat de Marrakech, et qui risque la peine de mort, n'a cessé de changer de versions au cours de ses auditions. Le 28 juin, devant les juges antiterroristes français, le vendeur d'espadrilles avait reconnu être le poseur de bombe. "Pour la confectionner, j'ai pris les renseignements sur Internet. Je me suis inspiré de l'attentat de Bali, et aussi de celui du théâtre de Moscou" avait confié Adil Al-Atmani. Il expliquait aussi avoir choisi la place Jamaa El-Fna de Marrakech "parce qu'elle est une destination favorite des Français, et des autres Occidentaux".

Depuis, Adil Al-Atmani est revenu sur ses propos et ne cesse de clamer son innocence. Celui qui avait exprimé ouvertement son allégeance à Al-Qaïda assure aujourd'hui n'avoir rien fait et avoir subi des pressions pour parler et avoir signé ses aveux sans lire le procès-verbal. Au tribunal, ses proches sont venus le soutenir, présentant des pancartes à l'entrée de la salle, sur lesquels on pouvait lire "cherchez d'autres accusés, la vérité est ailleurs".

"Il a toutes les preuves contre lui"

Pour les familles des victimes, l'attitude de l'accusé est une véritable provocation. "Ce n'est pas du tout crédible, il a été pris en photo, il a été reconnu, il a toutes les preuves contre lui. Comment nier l'évidence ?", s'est ainsi interrogé sur Europe 1 le conjoint d'une femme tuée dans l'attentat. "Depuis le début, il est dans la provocation. Je pense qu'il gardera cette ligne-là tout au long du procès", s'est-il désolé. Martine, qui a perdu sa fille, a elle préféré esquisser un sourire : "je ne voulais pas qu'il me voie pleurer, qu'il voie ma souffrance", a-t-elle expliqué. "Le sourire, c'était se moquer de lui".