Attentat de Berlin : l'assaillant avait prêté allégeance à l'EI

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Le suspect a été abattu vers 3 heures du matin, près d'une gare de la banlieue de Milan. © DANIELE BENNATI / AFP
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avec Agences , modifié à
Anis A., un Tunisien de 24 ans suspecté d'être l'auteur de l'attaque mortelle au camion-bélier contre un marché de Noël berlinois, a été abattu vendredi par les forces de l'ordre italiennes.

Le principal suspect de l'attentat au camion-bélier mené lundi à Berlin a été abattu par la police à Milan, dans le nord de l'Italie, a annoncé vendredi le ministre italien de l'Intérieur. Le 19 décembre vers 20 heures, un camion a foncé sur le marché de Noël de la Breitscheidplatz, haut lieu touristique à Berlin, faisant 12 morts et 48 blessés. Anis A., un Tunisien de 24 ans dont les empreintes digitales et une pièce d'identité ont été retrouvées dans la cabine du conducteur, a été rapidement identifié comme l'auteur en fuite de l'attaque par les forces de police allemandes, qui se sont lancées dans une vaste chasse à l'homme. Anis A. faisait l'objet d'un avis de recherche européen et d'un mandat d'arrêt.

 

Les informations a retenir :

- Anis A., auteur présumé de l'attentat de Berlin, a été abattu par la police italienne à Milan dans la nuit de jeudi à vendredi

- Il avait fait allégeance à l'EI dans une vidéo

- Le bilan provisoire de l'attaque au camion-bélier contre un marché de Noël berlinois est de 12 morts et 48 blessés

QUE S'EST-IL PASSÉ ?

Abattu lors d'un contrôle de police. Selon l'agence de presse italienne Ansa, le suspect a été abattu vers 3 heures du matin après avoir été contrôlé par la police près d'une gare de la banlieue de Milan. Il a ouvert le feu et blessé un policier après s'être vu demander ses papiers d'identité pendant un contrôle de routine, ajoute Ansa. Le relevé des empreintes digitales de l'homme abattu par la police italienne confirme qu'il s'agit bien du Tunisien Anis A., a annoncé une source policière. Une information confirmée par le ministre italien de l'Intérieur, Marco Minniti : l'homme a été abattu lors d'un contrôle de police de routine et a sorti "sans hésiter" une arme, a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse.

Un policier blessé. Une patrouille composée de deux policiers a remarqué Anis A alors qu'il circulait de façon "suspecte" devant la gare milanaise de Sesto San Giovanni, a poursuivi Marco Minniti. Un agent a été blessé "sur des zones non vitales et il est actuellement hospitalisé mais ses jours ne sont pas en danger". L'autre agent n'a pas été blessé, a précisé le ministre. Il a également assuré que l'opération s'était déroulée en "totale sécurité" et que seuls les policiers avaient pris des risques.

COMMENT EST-IL ARRIVÉ EN ITALIE ?

Aperçu devant une mosquée islamiste. Anis A. avait pris la fuite, probablement armé, après l'attentat à Berlin revendiqué par le groupe Etat islamique. Des images d'une caméra de surveillance l'avaient montré devant une mosquée de Berlin, présentée comme un lieu de rassemblement islamiste, quelques heures après le carnage, selon la chaîne publique allemande Rbb. D'autres images avaient montré le suspect les 14 et 15 décembre, entre 3 heures et 4 heures du matin, soit 5 et 4 jours avant l'attentat, devant la mosquée pourtant fermée depuis longtemps par les autorités et qui a fait l'objet d'une perquisition jeudi matin, selon la radio publique Rbb.

Un passage par la France. Un ticket de train français a également été retrouvé dans le sac à dos du suspect après sa mort. Selon des informations d'Europe 1, il est passé par Lyon, gare de la Part-Dieu, où il a pris un train pour Chambéry, jeudi. Une fois là-bas, Anis A. a acheté un autre billet à destination de Milan, en liquide, à bord d'un TGV arrivé en Italie à 21h50.

QUE SAIT-ON DU SUSPECT ?

Quatre ans dans une prison italienne. Au moment de la révolution tunisienne, en janvier 2011, Anis A., tout juste 18 ans et sous le coup d'une condamnation par contumace de quatre ans de prison pour vol et cambriolage, profite du désordre ambiant, comme des milliers de ses compatriotes, pour prendre la mer en mars et rejoindre la petite île italienne de Lampedusa. Il ment alors sur son âge pour être considéré comme mineur non accompagné et est transféré en Sicile. Anis A. a notamment passé près de quatre ans dans une prison italienne, jusqu'en 2015, pour avoir mis le feu à une école. Selon la presse italienne, c’est lors de son passage en prison qu’il se radicalise.

Un "individu dangereux". A sa libération, la Tunisie refusant de le reprendre, l'Italie lui ordonne de quitter le territoire et il rejoint en juillet 2015 l'Allemagne. Très rapidement, policiers et procureurs remarquent cet homme de 1,78 m et 75 kilos qui gravite autour de militants djihadistes notoires. Lui-même se retrouve classé "individu dangereux" par les services spécialisés de la région de Rhénanie du Nord-Westphalie.

Une enquête pour "préparation d'un acte criminel". Anis A. a été de mars à septembre l'objet d'une enquête confiée au parquet de Berlin pour "préparation d'un acte criminel grave représentant un danger pour l'Etat". Il était soupçonné de préparer un braquage pour pouvoir ensuite acheter des armes et commettre un attentat. Les autorités savaient aussi qu'il disposait d'au moins une demi-douzaine d'identités et qu'il circulait librement avec elles en Allemagne. Malgré les filatures de la police, les investigations n'ont pas "pu confirmer les soupçons initiaux". L'affaire a donc été classée faute d'éléments suffisants et la surveillance de Anis A. a cessé en septembre.

QUELS SONT SES LIENS AVEC L'EI ?

Une vidéo d'allégeance. Durant son passage en Allemagne, Anis A. a notamment été contact avec un ressortissant irakien de 32 ans, identifié comme Ahmad Abdulaziz Abdullah A. alias "Abou Walaa" et considéré par les autorités comme un prédicateur lié au groupe Etat islamique de la mosquée de Hildesheim, bastion salafiste. Anis A. avait fait allégeance au groupe Etat islamique (EI) dans une vidéo diffusée vendredi par l'agence de propagande de l'organisation djihadiste, Amaq. L'enregistrement montre le Tunisien, abattu vendredi à Milan, faire allégeance au chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi.

Un communiqué de l'EI. Le groupe djihadiste a également indiqué que l'homme abattu vendredi à Milan était celui qui avait mené lundi une attaque meurtrière au camion bélier à Berlin. "L'assaillant de Berlin a mené une nouvelle attaque contre une patrouille de la police italienne à Milan et a été tué dans un échange de tirs", a indiqué Amaq.

QUELLES SONT LES RÉACTIONS ?

Le soulagement du gouvernement allemand. La chancelière allemande Angela Merkel a estimé vendredi que le danger "immédiat" était écarté, après la mort de l'auteur présumé de l'attentat de Berlin, abattu à Milan, mais que la menace terroriste "dans son ensemble" était toujours présente. "Nous pouvons être soulagés du fait que le danger immédiat est écarté", a déclaré Angela Merkel à Berlin, mais "le danger terroriste dans son ensemble demeure toutefois présent, comme depuis plusieurs années", a ajouté la chancelière.

Des décisions "rapides". L'auteur présumé de l'attentat du marché de Noël de Berlin désormais mort, "le temps est venu de parler des conséquences" pour l'Allemagne, a déclaré le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière. Son collègue de la Justice, Heiko Maas, a lui annoncé des décisions "très rapidement en janvier" visant d'une part à déterminer "comment mieux surveiller les personnes dangereuses" et d'autre part comment "expulser le plus vite possible" les immigrés en situation irrégulière.

Marine Le Pen dénonce Schengen. En France, la présidente du Front national a condamné le principe de libre circulation dans un communiqué. "L'auteur de l'attentat islamiste de Berlin a été abattu ce jour à Milan en Italie. Des informations (selon les médias allemands, ndlr) précisent qu'il serait venu en train depuis la France. Cette escapade dans deux ou trois pays a minima est symptomatique de la catastrophe sécuritaire totale que représente l'espace Schengen", écrit-elle notamment, avant de réitérer son engagement "de redonner à la France la pleine maîtrise de sa souveraineté, de ses frontières nationales et de mettre fin en conséquence aux accords de Schengen".