Assurance maladie : Obama fait son mea culpa

Une concession qui intervient au moment où Barack Obama est tombé au même niveau d'impopularité que son prédécesseur George Bush au même stade de sa présidence.
Une concession qui intervient au moment où Barack Obama est tombé au même niveau d'impopularité que son prédécesseur George Bush au même stade de sa présidence. © Reuters
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Charles Carrasco avec agences
REFORME - Le président américain s'est excusé publiquement pour les ratés de "l'Obamacare" et a dû faire une concession.

L'INFO. L'attitude du président des Etats-Unis est habituellement éclatante de confiance. Mais pour la première fois, Barack Obama a choisi le costume de l'humilité pour reconnaître sa responsabilité dans la mise en œuvre chaotique de la réforme la plus emblématique de ses deux mandats : "l'Obamacare", la couverture maladie universelle. Bien que les capacités du site principal, géré par le gouvernement fédéral, aient été augmentées et de nombreux bugs résolus, seulement environ 27.000 personnes ont réussi à y souscrire une assurance en octobre. Au total, en comptant les sites gérés directement par 14 États, environ 106.000 personnes seulement ont réussi à s'y inscrire au mois d'octobre.

"Nous avons raté". Derrière son pupitre, le locataire de la Maison-Blanche s'est livré un véritable acte de contrition, prononçant quatre fois le mot "ratage". Il avoue même une perte de confiance lié à ce lancement houleux de "l'Obamacare". "Il est légitime pour (les Américains) de s'attendre à ce que je regagne un peu de confiance sur la réforme de la santé en particulier, et en général", a lancé le président. "C'est moi le responsable. Nous avons raté le lancement de cette réforme", a-t-il avoué.

Une prolongation des contrats privés. Dans les faits, Barack Obama a même amendé sa réforme, qui jusque-là avait résisté à plus de trois ans d'assauts parlementaires et avait été validé par la Cour suprême. Il a ainsi autorisé les compagnies d'assurances à prolonger d'une année les contrats des assurés qui risquaient de voir leur polices résiliées en raison de l'entrée en vigueur de "l'Obamacare" début octobre. Cela concernerait au moins 5% des Américains. La solution annoncée par le président, qui ne nécessite pas l'aval du Congrès, permettra donc aux assureurs de prolonger ces contrats en 2014. "Je comprends à quel point (une résiliation) peut provoquer la détresse de nombreux Américains", a-t-il souligné. "Et à ces Américains, je veux dire : je vous entends cinq sur cinq. J'ai dit que je ferai tout mon possible pour résoudre ce problème et aujourd'hui je présente une idée qui aidera à le faire."

le site de la réforme emblématique d'obama, Obamacare

© CAPTURE D'ECRAN

Des hausses de cotisations ? Toutefois, cette "reculade" sera-t-elle sans conséquence ? Pour Karen Ignagni, présidente de l'America's Health Insurance Plans (AHIP), qui regroupe des compagnies d'assurance-maladie, la décision d'Obama risque cependant de "déstabiliser" le marché de l'assurance et conduire à une hausse des cotisations pour les souscripteurs.

Un "fardeau" pour les démocrates. Par cette décision administrative, Barack Obama a cherché à prendre de court le Congrès, où même une partie de ses alliés démocrates a commencé à le lâcher en menaçant de modifier d'eux-mêmes la loi sur la santé. A la suite de ces annonces, les élus de son camp à la Chambre des représentants ont annoncé qu'ils présenteraient vendredi un projet de loi reprenant cette proposition du président. Barack Obama a aussi reconnu que le fleuron de son bilan social avait constitué ces derniers temps un "fardeau" pour ses alliés démocrates, un an avant les législatives. "Ça va dans la bonne direction", s'est félicité le sénateur démocrate Joe Manchin après l'annonce. "Vous savez, il faut qu'on reconstruise la crédibilité que nous avons perdue", a-t-il ajouté.

Mais les républicains voyaient dans l'admission présidentielle un aveu de faiblesse, et n'entendaient pas mettre fin à leurs coups de butoir. "Le président n'a absolument aucune crédibilité sur cette promesse", a réagi John Boehner, chef de file des républicains de la Chambre des représentants. Vendredi, la Chambre, dominée par les républicains, votera pour aller plus loin encore que la solution administrative proposée.

L'inquiétude est donc palpable dans le camp démocrate. La cote de popularité du président est tombée cette semaine à 39% d'opinions favorables dans un sondage de l'université Quinnipiac. BarackObama est tombé au même niveau que son prédécesseur George Bush, au même stade de sa présidence. Dans le camp du locataire de la Maison-Blanche, on sait aussi que le parti présidentiel perd souvent la majorité à l'occasion des "mid-term elections" qui se profilent dans un an.

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