Armes chimiques : des médecins enquêtent

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Charles Carrasco avec Ariane Lavrilleux , modifié à
INFO E1 - Ils sont franco-syriens et sont persuadés que des blessures sont liées à ce type d'armes.

L'INFO. Des produits chimiques ont-ils utilisés en Syrie ? Après les affirmations de Carla del Ponte, membre de la Commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie, qui assurait lundi que des rebelles avaient employé ce type d'armes –ce que dément l'ONU-, Europe1 révèle mardi que des médecins franco-syriens sont en train de récolter des preuves irréfutables par un examen clinique. Ils sont persuadés que certaines blessures ont été causées par des armes chimiques.

Qui sont-ils ? Ces médecins appartiennent à une structure reconnue : l'union des organisations syriennes de secours médicaux basée à Paris. Cette organisation a construit l'hôpital de Bab El-Hawa, tout près de la frontière turque en décembre dernier. Dans cette structure, financée par la Suisse et la France, les médecins ont vu arriver des blessés, manifestement touchés par du gaz sarin.

Une formation. Un protocole très précis a été mis en place pour récolter des preuves. Cette organisation a d'abord commencé par former les médecins syriens à reconnaitre les victimes d'armes chimiques. Ce processus a commencé il y a à peine un mois et ils ont déjà signalé plusieurs cas.

Le protocole mis en place :

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Des blessures liées au gaz sarin. Dès le 29 avril, les médecins ont vu arriver six blessés par des tirs aériens. Ils n'avaient pas de sang sur eux, leurs membres étaient intacts mais ils étaient tordus de douleurs et étaient incapables de respirer. Pour l'union des organisations médicales syriennes, ce sont là des preuves cliniques que le gaz sarin a été utilisé à Saraqib, une petite ville au nord de la Syrie.

"Ces six civils avaient les pupilles serrées, une détresse respiratoire, un œdème pulmonaire et des convulsions. L'une des deux femmes gravement atteinte est morte en détresse respiratoire aigüe suite à une exposition à ces produits, apparemment le gaz sarin", raconte Tawfik Chammaa, le porte-parole de l'organisation à Genève, interrogé par Europe 1. "C'est une preuve irréfutable. Cliniquement, ça ne peut pas être des pesticides ou des lacrymogènes", affirme ce médecin.

D'autres prélèvements. Mais ce constat clinique, n'est qu'une première partie du travail.  Les médecins ont ensuite prélevé des échantillons de cheveux, de sangs et d'urines en suivant un protocole très précis, le même en vigueur au niveau européen. Ils proviennent d'hommes sur le terrain et ont été pris à plusieurs heures d'intervalles. Ces prélèvements sont actuellement en cours d'analyse dans un laboratoire européen tenu secret.