Armes à feu : ces Etats laxistes

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Charles Carrasco avec agences
ZOOM - Alors que certains veulent durcir la législation, d'autres au contraire l'assouplissent. 

L'INFO. Ils ont surmonté l'obstruction de nombreux républicains. Les démocrates du Sénat américain ont remporté un vote crucial jeudi pour entamer formellement un débat historique sur le renforcement de la législation sur les armes à feu. Face à la résistance de certains parlementaires et du lobby pro-armes, Barack Obama tente de sauver ce qui peut encore l'être, après le massacre de 20 enfants et six adultes dans une école élémentaire de Newtown dans le Connecticut. Alors que certains Etats, comme le Colorado, le Wyoming, New York ou bien encore le Connecticut, ont renforcé la législation sur les armes à feu, d'autres l'ont assoupli au nom de l'autodéfense et de la sécurité.

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Des armes à l'université. C'est le cas par exemple de l'Alaska qui compte chaque année en moyenne 20,28 morts pour 100.000 personnes (selon les derniers chiffres de 2010), suivi de très près par la Louisiane et le Montana. Ces trois Etats sont considérés comme ayant des régulations très faibles en matière de contrôle des armes. Le Montana, cet Etat situé à proximité du Canada, vient juste de voter une nouvelle loi qui lui permettrait d'esquiver une interdiction de l'utilisation de fusils semi-automatiques et des chargeurs grande capacité. Une façon d'interpeller Washington dans ce débat. L'Etat va permettre également aux étudiants de l'université du Montana, qui auront un permis valide, de venir avec leurs armes dans les classes, stades ou chambres.

Des pompiers en armes. Au mois de janvier dernier, le Kentucky a également voté une loi, l'une des plus libérales dans le pays. Même dans des lieux très fréquentés, comme le Hall de Louisville, les citoyens peuvent porter une arme… mais pas un couteau. Les armes à feu sont également autorisées dans les transports publics. Les pompiers se sont également vus autorisés à emmener une arme dans certains quartiers, rapporte MSNBC. Le sénateur républicain du Kentucky, Mitch McConnell est d'ailleurs très engagé dans cette lutte contre la régulation anti-armes. Avec ces lois anti-armes, le voisin s'abstiendrait de "prêter son pistolet à l'épouse dont le mari serait parti en voyage", a-t-il affirmé.

port d'arme aux Etats-Unis

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Plus d'armes dans les écoles. D'autres considèrent que c'est à l'école qu'il faut aussi renforcer la législation. L'Etat de Virginie est également à contre-courant de ceux qui veulent un durcissement de la loi. Au mois de janvier dernier, des propositions ont été formulées pour pouvoir armer des gardes de sécurité au sein des écoles, une proposition déjà défendue par la NRA, la National rifle association, le lobby pro-armes, rapporte le Huffington Post. Dans de nombreux Etats américains, des formations sont organisées pour les professeurs qui souhaitent apprendre à manier des armes.

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D'autres Etats comme le Dakota du Sud, le Tennessee, le Maine, le Michigan, ont également promulgués des lois qui assouplissent la législation. Le Dakota du Nord, l'Idaho, le Kansas, l'Oklahoma sont dans l'attente de cette promulgation.

Plus il y a des lois laxistes, plus il y a de morts. La législation relative à la détention et au port d'armes à feu diffère donc fortement d'un Etat à un autre. Et selon les derniers chiffres publiés par le Centre américain pour le progrès, plus les Etats ont des législations faibles en matière d'armes à feu, plus le taux de violence armées augmente mécaniquement (homicides, suicides, décès d'enfants et assassinats de policiers), précise le New York Times.

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Obama espère des avancées. Bien que certains Etats tentent de faire obstacle, le renforcement du contrôle des antécédents judiciaires et psychologiques des acheteurs privés est le principal espoir de Barack Obama. Cette mesure est soutenue par neuf Américains sur dix, même si elle est dénoncée par les lobbies, qui y voient le risque de constitution d'un fichier national des détenteurs d'armes. La vérification des antécédents des acheteurs permettrait de combler une faille majeure du système actuel dans lequel 40% des achats se font sans le moindre contrôle. Le compromis, qui vise à empêcher les criminels et les personnes mentalement instables de se procurer des armes, comporte plusieurs exceptions notables. La première concerne les "transferts temporaires" d'armes ou les ventes privées entre amis et membres d'une même famille. Dans ces cas, aucun contrôle ne sera exigé et toute la question est de savoir ce que le vendeur entendra par le mot "amis".

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En revanche, les deux autres mesures phares du projet d'Obama, l'interdiction des armes semi-automatiques et la suppression des chargeurs à grande capacité, n'ont que d'infimes chances de franchir l'obstacle sénatorial.

Et la Cour suprême ? Au lendemain du vote du Sénat américain ouvrant formellement le débat sur les armes à feu aux Etats-Unis, les neuf sages de la Cour suprême ont examiné vendredi un recours sur le port d'armes en public, dont ils pourraient se saisir pour leur prochaine session. Les juges de la plus haute instance du pays se sont réunis à huis clos pour ajouter de nouvelles affaires au menu de leur rentrée d'octobre. Ils devraient faire savoir lundi au plus tôt de quels nouveaux cas ils se saisissent pour examen à l'automne.