Annan et l'équation irrésolue de la Syrie

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Charles Carrasco , modifié à
Cinq mois après sa nomination, l'émissaire spécial pour la Syrie a démissionné de ses fonctions.

Surnommé par certains "meilleur secrétaire générale des Nations unies", négociateur en Bosnie, membre de nombreuses missions en Afrique, Kofi Annan est un diplomate très expérimenté. Et pourtant, l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie a jeté l'éponge après cinq mois d'efforts infructueux.

Car depuis son entrée en fonction, les violences continuent et 20.000 personnes sont mortes en 16 mois de conflit selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Il n'a pas réussir à faire infléchir le régime de Bachar al-Assad et l'ONU s'est révélée impuissante face aux Russes et aux Chinois. Retour sur les principaux faits d'armes et les échecs de Kofi Annan.

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• Sa prise de fonction. Le Ghanéen, 74 ans, est nommé "émissaire conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe sur la crise de la Syrie" le 23 février 2012. Il est chargé "d'offrir ses bons offices afin de mettre un terme à toutes les violences et les violations des droits de l'homme, et à promouvoir une solution pacifique à la crise syrienne". La résolution du conflit urge déjà. Plus 7.000 personnes sont mortes dans les affrontements. La ville de Homs, dans le centre du pays, est pilonnée sans relâche depuis 20 jours.

• Premier entretien avec Bachar al-Assad. Sa première prise de contact le 10 mars s'avèrera infructueuse. Le président syrien reste ferme lors de leur rencontre à Damas. Pour Bachar el-Assad, il ne peut y avoir d'issue politique tant que des bandes "terroristes" continueront de "semer le chaos et l'instabilité" dans le pays. Kofi Annan ne "désarme" pas et lui soumet plusieurs propositions : "la fin de la violence, un accès pour l'aide humanitaire et le Comité international de la Croix-Rouge, la libération de prisonniers et l'amorce d'un dialogue politique qui ne laisse personne de côté".

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"Assad est prêt à éradiquer son peuple", selon Nawaf Farès.

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• Un premier espoir. C'est "l'étape initiale importante", dixit Kofi Annan. Le gouvernement syrien vient d'accepter le plan de paix en six points proposé par le diplomate. Il devrait permettre de "créer un environnement propice à un dialogue politique qui répondrait aux aspiration légitimes du peuple syrien". Mais dans les faits, les violences se poursuivent et Bachar al-Assad continue de réprimer la révolte. On dénombre déjà 9.000 morts.

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• La volte-face du régime. Le 8 avril, la Syrie signifie à l’ONU qu’elle n’entend pas évacuer ses troupes de villes insurgées. Bachar al-Assad veut des "garanties écrites" de l'opposition. Kofi Annan subit un premier revers. Le diplomate onusien se dit "choqué par la montée de la violence et des atrocités dans plusieurs villes et villages de Syrie", rappelant le gouvernement syrien à ses engagements.

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• Les premiers observateurs. Leur déploiement a été autorisé par un vote unanime du Conseil de sécurité de l'Onu. Les six premiers observateurs, non armés, dirigés par un colonel marocain, sont arrivés de New York le 15 avril. Ils sont rapidement rejoints par 25 à 30 autres observateurs. Kofi Annan possède désormais une force de renseignements sur le terrain.

>> Syrie : arrivée des premiers observateurs

Enterrement des victimes présumées du massacre de Houla.

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• Les massacres se poursuivent. Depuis l'entrée en vigueur du cessez le feu, les massacres se succèdent. A Houla, les observateurs ont compté jusqu'à 114 morts le 25 mai, dont plus de 32 enfants. Kofi Annan décide de se rendre en Syrie pour la deuxième fois en trois mois. La communauté internationale condamne unanimement les actes et la pression se fait plus forte sur le régime qui décide de lancer une enquête. De son côté, Kofi Annan durcit le ton : " c'était un acte répugnant, aux conséquences profondes".

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• Bachar al-Assad ne bouge pas. La visite de Kofi Annan à Damas le 29 mai semble vaine. Le Prix Nobel de la paix se heurte à un mur. A la sortie de son entretien avec le médiateur international mardi midi, Bachar al-Assad a maintenu sa position. "Le succès du plan dépend de la fin du terrorisme (...) et de l'arrêt de la contrebande d'armes", a-t-il lancé rejetant la faute et les violences commises en Syrie sur l'opposition. Déjà 13.000 personnes ont trouvé la mort depuis le début du conflit.

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• Les observateurs pris pour cible. Empêchés de se rendre dans certaines zones, pris pour cibles, les observateurs de l'ONU ont décidé, le 16 juin, de suspendre leur mission en Syrie. L'escalade de la violence est inévitable et le général Robert Mood rapatrie ses hommes.

>> Syrie : la mission de l’ONU suspendue

• Une transition politique. Sur le terrain, la situation s'enlise. Alors, Kofi Annan décide d'engager la communauté internationale sur le terrain politique. Le 30 juin, le Groupe d'action sur le Syrie, sous l'égide de l'ONU adopte à Genève un plan de transition du pouvoir en Syrie. Il propose un compromis entre les membres de l'opposition et les partisans du régime. Toutes les parties évoque déjà "l'ère post-Assad" sauf la Russie et la Chine qui réaffirment que c'est "aux Syriens" de choisir leur avenir.

>> La transition en Syrie décidée à Genève