Algérie : le Premier ministre limogé trois mois après sa nomination

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Abdelmadjid Tebboune a été démis de ses fonctions par le président algérien. © RYAD KRAMDI / AFP
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avec AFP , modifié à
Après seulement trois mois, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a été démis de ses fonctions. Il est remplacé par le chef de cabinet du président Bouteflika.

Le Premier ministre algérien Abdelmadjid Tebboune a été démis mardi de ses fonctions trois mois après sa nomination à la tête du gouvernement, a annoncé la présidence, citée par les médias officiels.

Remplacé par le chef de cabinet du président. "Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a mis fin aux fonctions du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et a nommé Ahmed Ouyahia", jusqu'ici chef de cabinet du chef de l'État, a précisé la présidence dans un communiqué reproduit par l'agence APS.

Abdelmadjid Tebboune avait été nommé Premier ministre le 24 mai dans la foulée des élections législatives du 4 mai en Algérie, remportée par le Front de libération nationale (FLN) d'Abdelaziz Bouteflika, parti au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1962. À la surprise générale, il avait remplacé à la tête du gouvernement - dans lequel il était ministre de l'Habitat - Abdelmalek Sellal, considéré comme l'homme de confiance du chef de l'État.

Problèmes de "communication". Tebboune, 71 ans, laisse sa place à Ahmed Ouyahia, qui avait rang de ministre d'État et est considéré comme l'un des hommes forts du régime algérien. Ahmed Ouyahia est également le patron du Rassemblement national démocratique (RND), deuxième parti d'Algérie et allié crucial du FLN. "La vision du Premier ministre ne cadrait pas avec la vision du président", a expliqué une source gouvernementale ayant requis l'anonymat, faisant également état de problèmes de "communication" entre les deux hommes.

Victime d'une "lutte des clans". Les médias privés algériens s'étaient fait l'écho ces derniers jours d'une "sévère" lettre de "recadrage" adressée par Bouteflika à son Premier ministre, critiquant notamment les récentes mesures limitant les importations de nombreux produits. Selon le politologue Rachid Tlemçani, enseignant-chercheur à la faculté de sciences politiques de l'université Alger 3, Abdelmadjid Tebboune "a essayé de toucher aux intérêts de certains oligarques qui appartiennent au clan présidentiel" et a été victime d'une "lutte des clans" à la tête de l'État.