Algérie, la révolte jugée "minoritaire"

La contestation gronde en Algérie, mais le régime considère que ce n'est qu'un épiphénomène.
La contestation gronde en Algérie, mais le régime considère que ce n'est qu'un épiphénomène. © REUTERS/DR
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avec agences , modifié à
Le régime minimise les manifestations de samedi et promet la levée de l’état d’urgence.

"Les marchés organisées il y a quinze jours et samedi ont bien démontré que ces mouvements étaient des mouvements minoritaires. Je suppose, que de marche en marche, elles ne feront pas mieux", a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, lundi matin sur Europe 1, à propos du mouvement de protestation inspiré des révolutions tunisienne et égyptienne.

Mourad Medelci a ensuite établi un rapprochement entre le Front Islamique du Salut (FIS) et cette contestation naissante, qui “n’est pas sans nous rappeler ce que nous avons vécu nous même en 1988“. “D’élection en élection, ces minorité n’ont pas amélioré leurs scores et je suppose que de marche en marche, elles ne feront pas mieux“, a-t-il ajouté.

"L'Algérie n'est pas la Tunisie, l'Algérie n'est pas l'Egypte", a-t-il assuré :

Des manifestations très surveillées

La marche de l'opposition pour un changement du système politique s'est heurtée samedi à un formidable dispositif de sécurité. Environ 2.000 personnes ont manifesté dans le centre d'Alger, mais elles ont été empêchées de défiler par les quelque 30.000 policiers déployés sur place.

Depuis des mois, de petites manifestations et émeutes émaillent ce pays richissime en hydrocarbures et aux réserves bancaires évaluées officiellement à 155 milliards de dollars.

Les universitaires demandent un enseignement inadapté à l'évolution technologique, des milliers de familles réclament de meilleures conditions de logement, et les jeunes du travail car, diplômés ou non, plus de 20% d'entre eux sont chômeurs. Les employés demandent de leur côté des augmentations pour faire face à la flambée des prix.

“Faible écho“ ou début d’un large mouvement ?

"C'est parti pour le changement", a titré dimanche le quotidien libéral Liberté pour évoquer cette journée de manifestation. Le quotidien gouvernemental El Moudjahid a en revanche qualifié cette marche de "manifestation à faible écho".

La contestation a néanmoins poussé le régime à promettre la fin prochaine de l’état d’urgence, en vigueur depuis 19 ans. “Dans les jours prochains on en parlera en parlant du passé“, a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avant de promettre “le retour de l’état de droit“.

Une nouvelle manifestation est néanmoins prévue pour samedi 19 février. Les contestataires insistent plus sur le "changement de système" que sur le départ du président Bouteflika, au pouvoir depuis 12 ans.