Afrique : les jumeaux plus fortement touchés par la mortalité infantile

bébé afrique, marché, mère crédit : ISSOUF SANOGO / AFP - 1280
La mortalité infantile est particulièrement élevée en Afrique subsaharienne © ISSOUF SANOGO / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Les grossesses gémellaires présentent plus de risque de naissance prématurée, de faible poids des bébés ou de complications à l'accouchement. 

La mortalité infantile des jumeaux reste beaucoup plus élevée que chez les autres enfants en Afrique subsaharienne, alerte une étude publiée jeudi, qui recommande de développer des actions spécifiques en direction de cette population.

La mortalité des jumeaux n'a pas baissé comme chez les autres enfants. Plus d'un enfant issu de naissances multiples sur cinq (21,3%) décède avant l'âge de cinq ans dans cette région du monde. C'est trois fois plus que chez les autres enfants (sans jumeau), souligne l'étude publiée dans la revue médicale britannique The Lancet. Et ce taux de mortalité n'a diminué que d'un tiers en vingt ans, alors qu'il a été divisé par deux chez les autres enfants, observent les auteurs, qui ont analysé les statistiques de 30 pays d'Afrique subsaharienne portant sur 1,7 million de naissances - dont près de 57.000 jumeaux - entre 1995 et 2014.

Une haute mortalité infantile et un grand nombre de naissances multiples. Cette tendance à la surmortalité des jumeaux n'est pas spécifique à l'Afrique subsaharienne. Selon les régions, les jumeaux ont deux à cinq fois plus de risques de ne pas atteindre l'âge de cinq ans. C'est notamment lié au fait que les grossesses gémellaires présentent plus de risques de naissance prématurée, de faible poids du bébé ou de complications à l'accouchement. Mais cette disparité revêt une gravité particulière sur un continent où l'on trouve à la fois les taux de mortalité infantile les plus élevés au monde et la plus forte proportion de naissances multiples naturelles, avertissent les auteurs de l'étude.

Des objectifs difficiles à atteindre. "Si l'on ne porte par une attention spécifique à cette population vulnérable, il sera très difficile d'atteindre" les objectifs de mortalité infantile fixés dans les Objectifs de développement durables de l'ONU, avertit Jeroen Smits, spécialiste d'économie du développement à l'Université Radboud de Nijmegen (Pays-Bas), coauteur de l'étude. Ces objectifs prévoient de ramener la mortalité néonatale (avant un mois) en dessous de 12 pour 1.000 naissances dans le monde d'ici à 2030, et la mortalité avant cinq ans, sous les 25 pour 1.000.

Se concentrer sur le diagnostic des grossesses gémellaires. Pour continuer à réduire la mortalité infantile en Afrique subsaharienne, "il faut donner la priorité au diagnostic précoce des grossesses gémellaires et permettre à davantage de femmes enceintes de jumeaux d'accoucher à l'hôpital", a déclaré l'autre co-auteur de l'étude, Christiaan Monden, professeur à Oxford (Royaume-Uni). Il a toutefois reconnu qu'il y avait d'importants "obstacles financiers et culturels pour l'atteinte de ces objectifs".