Afghanistan : un seul candidat au second tour

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Abdullah Abdullah, principal opposant au président sortant Hamid Karzaï, a indiqué dimanche qu'il se retirait.

La communauté internationale avait fait pression pour obtenir que soit organisé un second tour à la présidentielle en Afghanistan, après les irrégularités qui avaient entaché le premier. Ce scrutin aura bien lieu, les autorités électorales l’ont confirmé. Mais avec un seul candidat. Abdullah Abdullah, le principal challenger du président sortant Hamid Karzaï, a en effet indiqué dimanche qu'il ne participerait pas au scrutin du 7 novembre en Afghanistan, replongeant son pays dans la plus grande incertitude politique et institutionnelle.

"La décision (...) n'a pas été facile. C'est une décision que j'ai prise après de nombreuses consultations, avec le peuple d'Afghanistan, mes partisans, des leaders influents", a déclaré Abdullah Abdullah. Il exigeait notamment des garanties pour être certain que de nouvelles fraudes n’auraient pas lieu. L'ancien ministre des Affaires étrangères n’a cependant pas appelé au boycott. Il a par ailleurs lancé un appel au calme.

Car la tension est déjà très forte en Afghanistan. Peu après l’annonce de la décision d’Abdullah Abdullah, les talibans ont menacé, par l'intermédiaire d'un porte-parole, de recourir à la violence si le second tour avait lieu. "Nous allons augmenter nos attaques contre le processus électoral et nous ferons en sorte que cette élection soit un échec", ont prévenu les talibans.

Hamid Karzaï a déclaré quant à lui qu'il "espér[ait]" un second tour. "Appliquer la constitution est une obligation. Si la constitution stipule qu'il doit y avoir une élection, nous sommes tous obligés d'obéir", a martelé le président sortant. Une position soutenue par la communauté internationale même si le processus risque d'être coûteux et dangereux pour un résultat connu d'avance. Le chef de l'ONU en Afghanistan, Kai Eide, a appelé à "amener ce processus électoral à une conclusion, de manière légale et dans les délais".

Au premier tour, le président sortant avait d’abord été crédité de 54,6% des voix selon des résultats préliminaires, avant de voir son score passer sous le seuil des 50% après l'annulation de près d'un tiers de ses voix pour fraude. Abdullah Abdullah avait lui obtenu environ 30% des voix. Au second tour, "si la participation est très basse, sous 20%, même si [Hamid Karzaï] est déclaré vainqueur, il lui manquera la légitimité", a analysé Haroun Mir, du Centre afghan de recherches et d'études politiques.