Abus sexuels : un cardinal défend le pape contre son accusateur Mgr Vigano

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Marc Ouellet souligne que le cardinal McCarrick n'a jamais fait l'objet de "sanctions" formelles canoniques, précisant avoir fouillé les archives de la Congrégation pour les évêques. © GABRIEL BOUYS / AFP
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avec AFP
Selon le cardinal canadien Marc Ouellet, les accusations de Mgr Carlo Maria Vigano sont "un montage politique privé de fondement réel incriminant le pape". 

Un cardinal canadien a fermement défendu dimanche le pape François, qui a été accusé par un ancien ambassadeur italien du Vatican d'avoir couvert l'archevêque américain Theodore McCarrick, finalement déchu en juillet après des accusations d'abus sexuels.

Un cardinal démis de ses fonctions depuis juillet. L'accusateur, Mgr Carlo Maria Vigano, ambassadeur du Vatican à Washington entre 2011 et 2016, a affirmé fin août que le pape Benoît XVI avait imposé vers 2009-2010 des "sanctions" à l'ex-cardinal McCarrick déjà alors soupçonné d'abus sexuels contre des séminaristes et prêtres. Sanctions que le pape François, élu en 2013, aurait de facto annulées en consultant l'Américain sur de nombreuses nominations de cardinaux. Le pape avait démis fin juillet Mgr McCarrick de son titre de cardinal, suite à une enquête sur les accusations d'un homme affirmant avoir été abusé sexuellement dans les années 70. A 88 ans, le prélat est désormais officiellement banni de toute apparition publique.

"Montage politique privé". "L'accusation est un montage politique privé de fondement réel incriminant le pape", estime le cardinal canadien Marc Ouellet, préfet pour la Congrégation pour les évêques depuis 2010. Dans une lettre ouverte publiée par le Vatican, le prélat canadien demande aussi à Mgr Vigano, qui s'exprime depuis un lieu secret, de sortir de sa "clandestinité" et de se "repentir". Il souligne que le cardinal McCarrick n'a jamais fait l'objet de "sanctions" formelles canoniques, précisant avoir fouillé les archives de la Congrégation pour les évêques sans trouver de document signé par Benoît XVI ou François. "La raison en est qu'on ne disposait pas alors, à la différence d'aujourd'hui, de preuves suffisantes de sa culpabilité présumée", explique le haut prélat, en évoquant la position de "prudence" du Vatican.

Enquête approfondie dans les archives. En revanche, le cardinal McCarrick avait été "exhorté" par des ambassadeurs du Vatican "à ne pas voyager et à ne pas faire d'apparitions publiques afin de ne pas provoquer d'autres rumeurs qui circulaient à son sujet". Le prélat canadien indique en avoir informé "oralement" en novembre 2011 Mgr Vigano, alors tout nouvel ambassadeur apostolique à Washington, donnant ainsi raison sur ce point à l'Italien. Le pape François a annoncé samedi une enquête approfondie dans les archives du Vatican pour faire la lumière sur l'ex-cardinal McCarrick. Il s'agissait de la première réponse donnée par le pape au "j'accuse" incendiaire de Mgr Vigano.