Abu Dhabi tente de justifier l'arrestation de deux journalistes suisses

Les deux journalistes ont été arrêtés alors qu'ils étaient venus couvrir l'inauguration du Louvre Abu Dhabi (image d'illustration du musée)
Les deux journalistes ont été arrêtés alors qu'ils étaient venus couvrir l'inauguration du Louvre Abu Dhabi (image d'illustration du musée) © Giuseppe CACACE / AFP
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avec AFP , modifié à
Les Émirats arabes unis ont assuré que les journalistes avaient été arrêtés et interrogés parce qu'ils étaient entrés "sans autorisation" dans une zone "sécurisée". 

Les Émirats arabes unis ont tenté mardi de justifier l'arrestation de deux journalistes suisses venus couvrir la semaine dernière l'inauguration du Louvre Abu Dhabi, affirmant qu'ils avaient violé des réglementations en vigueur.

Des médias libres mais. Le National Media Council (NMC), qui supervise les activités des médias aux Émirats, a déclaré "respecter le droit de tous les médias d'informer librement à travers les Émirats arabes unis". Cependant, a-t-il souligné dans une déclaration, cette activité doit être menée "conformément aux lois et réglementations" en vigueur.

Une entrée dans une zone "sécurisée". Le NMC a reconnu que le journaliste Serge Enderlin et le cameraman Jon Bjorgvinsson de la chaîne publique suisse RTS avaient obtenu des permis pour filmer au Louvre et dans ses environs. Mais la police d'Abu Dhabi les a vus "entrer sans autorisation" dans la zone "sécurisée" de Moussaffah et les a arrêtés "à des fins d'interrogatoire". Ils ont ensuite été emmenés dans un département de la police pour répondre à des questions et ont été libérés "sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux", a ajouté le NMC.

50 heures d'interrogatoire. Selon la RTS, Serge Enderlin et Jon Bjorgvinsson ont été arrêtés jeudi pendant qu'ils prenaient des images sur un marché en plein air et ont été détenus pendant plus de 50 heures, sans possibilité de communiquer avec le monde extérieur. Toujours d'après la chaîne, ils ont subi des interrogatoires allant jusqu'à neuf heures d'affilée et leurs yeux étaient bandés lorsqu'ils étaient déplacés d'un lieu à un autre.

Les autorités voulaient apparemment savoir pourquoi ils prenaient des images sur le marché et semblaient contrariées par le fait que des travailleurs pakistanais aient été filmés, alors que des critiques ont été émises dans le passé par des ONG sur des abus contre des migrants travaillant sur des chantiers de construction dans le Golfe.

Un traitement "disproportionné". Dans un communiqué publié lundi, l'organisation Reporters sans frontières (RSF) a condamné "la disproportion du traitement" réservé aux journalistes suisses, ainsi que "la pratique d'intimidation" qui démontre de la part des Emirats "une méfiance excessive à l'égard des médias". RSF a demandé la "restitution immédiate" du matériel confisqué lors de l'arrestation.