À Washington, des manifestants contre la confirmation de Kavanaugh : "en colère et triste"

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Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés samedi à Washington pour protester contre la nomination de Kavanaugh. © Jose Luis Magana / AFP
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Sonia Dridi, correspondante à Washington, édité par Margaux Baralon. Photos : Sonia Dridi , modifié à
Plusieurs centaines de personnes, principalement des femmes, ont protesté samedi contre la confirmation du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême malgré des accusations d'agression sexuelle.
REPORTAGE

C'est une foule multicolore qui s'est rassemblée samedi, à Washington, devant la Cour suprême et le Capitole, pour crier sa colère et son désarroi. Des Américains de tous âges et de toutes les origines, pancartes à la main, parfois vêtus d'uniformes de prisonniers, ont voulu dire non à la confirmation du juge Brett Kavanaugh. En dépit d'accusations d'agression sexuelle portées à son encontre, le conservateur siègera à vie au sein de la plus haute juridiction du système judiciaire américain, après un vote favorable d'une courte majorité de sénateurs.

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"Je suis triste". "Je suis vraiment en colère et je suis triste", s'émeut Nancy, une habitante de Washington, les larmes aux yeux. "La seule chose qui nous sauvait jusqu'à présent, c'était le système judiciaire. Maintenant, j'ai peur que nous [les femmes] n'ayons plus de protection, que ce soit pour le droit à l'avortement, l'égalité salariale ou tout ce qui nous affecte." Une pancarte "Honte" à la main, accompagnée de sa fille et son mari, Kara Harrington, 50 ans, originaire de Caroline du nord, confie elle être ici "parce que le président Trump s'est moqué des victimes d'agression sexuelle". Le chef de l'Etat américain avait en effet tourné en dérision le témoignage de Christine Blasey Ford, accusatrice de Brett Kavanaugh. "Ça a déclenché quelque chose en moi", poursuit Kara Harrington. "J'ai été agressée quand j'étais plus jeune et je ne l'avais dit à personne."

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Des pro-Kavanaugh s'invitent. Devant le Capitole, des centaines de manifestants ont franchi les barrières métalliques que les autorités avaient exceptionnellement fait disposer autour du vaste édifice. Certains ont frappé de leurs poings sur les portes de bronze du bâtiment de la Cour suprême. "C'est notre Cour, ce sont nos marches, ce sont nos institutions", justifie Jessica, 35 ans, avant que la police n'éloigne les protestataires et n'arrête une dizaine d'entre eux. Quelques pro-Kavanaugh ont également osé s'aventurer dans la foule, comme Caitlyn. "Je pense que beaucoup de femmes ici ont eu beaucoup de peine dans leur vie", estime cette mère de neuf enfants. "Elles rejettent leur peine et leur colère sur un homme, Brett Kavanaugh." De son côté, Chuck Thompson, 41 ans, arbore sans complexe son t-shirt "Trump 2020". "Tout ça va se retourner" contre les démocrates, anticipe-t-il.

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Car derrière la tempête déclenchée par la nomination du juge Brett Kavanaugh, ce sont bien les élections de mi-mandat de novembre qui se jouent. Les démocrates espèrent tirer parti de la colère de ces Américaines et ces Américains déçus pour reprendre la majorité au Congrès.