Syrie : "Palmyre est une ville morte"

Palmyre
La ville de Palmyre est tombée aux mains du groupe Etat Islamique © SANA / AFP
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Xavier Yvon et M.D , modifié à
TÉMOIGNAGE E1 - La chute de Palmyre, tombée aux mains du groupe Etat islamique, fait craindre pour sa cité antique mais aussi pour sa population qui ne veut pas tomber dans l’oubli. 
TÉMOIGNAGE

Le compte à rebours était lancé depuis plusieurs jours. Depuis mercredi, il s’est brutalement arrêté : la ville de Palmyre, en Syrie, tombe dans sa quasi-totalité aux mains du groupe Etat islamique (EI). Jeudi matin, c'est la ville toute entière qui a basculé dans l'escarcelle du groupe djihadiste. La communauté internationale s’inquiète pour la destruction du site antique de la ville. Mais la crainte est aussi très grande pour ses habitants.

Europe 1 a rencontré Mohamed Taha, un réfugié syrien en France, originaire de Palmyre. L’homme passe ses journées, parfois ses nuits, à essayer de joindre ses amis lorsqu’Internet fonctionne. Et même lorsque c’est le cas, le son est très faible, à peine audible.

Mohamed

© Xavier Yvon

La peur des avions de chasse. Au bout du fil, il y a Samir, un activiste syrien qui raconte à Mohamed Taha l’avancée des djihadistes et la réplique des bombardiers du régime. "Les avions de chasse bombardent et ne font pas la différence entre l’Etat islamique et les civils", traduit Mohamed Taha. "Lui personnellement, il souhaite que personne ne prenne la ville, ni l’Etat islamique ni l’armée du régime", poursuit-il. "Il veut que les civils vivent en paix, sans bombardement ni massacre".

Personne ne sort. Les civils pris au piège se sont entassés dans le centre-ville avec ceux qui ont fui les zones de combat. Personne ne sort, il n’y a plus d’eau et l'électricité est quasi-inexistante. Le pain subsiste mais plus pour très longtemps. "Palmyre est une ville morte", raconte encore Khaled, un autre habitant joint par internet.

Les Occidentaux focalisés sur la cité antique. Des bruits de tirs se font soudain entendre. Cette fois-ci, c’est du côté de la citadelle. "Pas d’inquiétude, elle n’est pas touchée", ironise Samir. Mohamed Taha explique : "il dit qu’il a mal au cœur car les Occidentaux parlent des lieux archéologiques mais ils ne parlent pas de la population de la ville de Palmyre". Derrière son ordinateur, le réfugié acquiesce. Son cousin est mort avant-hier avec sa femme sous leur maison bombardée.