A la découverte du "continent de plastique"

On estime à plusieurs dizaines de millions de tonnes les quantités de déchets dans chacun des cinq gyres du globe.
On estime à plusieurs dizaines de millions de tonnes les quantités de déchets dans chacun des cinq gyres du globe. © Reuters
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avec Mathieu Charrier , modifié à
Une mission part explorer les tonnes de déchets qui flottent dans l'océan Pacifique.

Guidée par des satellites high-tech, une goélette française des années 1930 va prochainement partir à la découverte du "7e continent", une gigantesque plaque de déchets plastiques flottant sur l'océan Pacifique et grande comme six fois la France.

"Choqué par les déchets rencontrés dans l'océan" lors de sa participation à une course en solitaire transatlantique à l'aviron en 2009, l'explorateur Patrick Deixonne, membre de la Société des explorateurs français qui parraine l'aventure, a décidé de monter cette expédition scientifique pour alerter sur la "catastrophe écologique" en cours dans le nord-est du Pacifique.

"Une soupe de plastique"

Les déchets s'amalgament au point de rencontre de courants marins qui s'enroulent sous l'effet de la rotation de la Terre, selon le principe de la force de Coriolis, et forment un immense vortex appelé "gyre". "Ça ressemble à une soupe de plastique. Quand le plastique dérive à la surface, le plastique est attaqué par le soleil. Il se réduit en petites particules et se mélange aux planctons", décrit Patrick Deixonne, interrogé par Europe 1. Le danger ? "Les poissons s'en nourrissent car ils ne peuvent pas faire la différence entre le plancton et le plastique", a-t-il précisé.

La force centripète aspire lentement les détritus vers le centre de cette spirale qui serait l'une des plus importantes connues sur la planète : 22.200 km de circonférence et environ 3,4 millions de km2, selon le Centre national des études spatiales (Cnes) qui parraine également le projet.

"On estime à plusieurs dizaines de millions de tonnes les quantités de déchets dans chacun des cinq gyres du globe", explique Georges Grépin, biologiste conseiller scientifique d'OSL. Ce sont "essentiellement des microdéchets de plastique décomposé en suspension sur 30 mètres de profondeur. Ce n'est pas un continent sur lequel on peut marcher au sens propre", a-t-il affirmé.

Une émission d'Arte décrit ce phénomène :

Des déchets de Fukushima

La mission "7e continent" appareillera le 2 mai de San Diego aux Etats-Unis à bord de L'Elan, une goélette à deux-mâts de 1938, pour un mois de navigation et un périple de 4.630 km entre la Californie et Hawaï, où l'explorateur Charles Moore a découvert par hasard en 1997 cette incroyable nappe de débris plastiques. "La zone où l'on va, c'est à 2.000 et 3.000 km des côtes. Il n'y a pas grand monde qui peut venir nous chercher si on avait un problème. Peut-être qu'on va rencontrer des déchets de Fukushima", a confié Patrick Deixonne à Europe 1 à quelques jours du départ.

pacifique expédition

© Capture

La goélette sera guidée par deux satellites de la NASA, "Aqua" et "Terra", pour se rendre là où la concentration de déchets est la plus forte afin d'en mesurer la densité, avec des prélèvements d'eau, de planctons et de matériaux.

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