A Jérusalem, les deux assaillants palestiniens honorés en martyrs

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Sébastien Krebs avec et AFP
REPORTAGE - Les deux auteurs de l’attaque meurtrière contre la synagogue de Jérusalem sont considérés comme des martyrs dans leur quartier.

Terroristes pour certains, martyrs et héros pour d’autres. Deux jours après l’attaque sanglante contre la synagogue de Jérusalem ayant provoqué la mort de sept personnes, dont les deux assaillants palestiniens, Israéliens et Palestiniens prient leurs morts, dans un climat de tension

La “main de fer” promise par Benjamin Netanyahu ne s'est en effet pas fait attendre. Au lendemain de l’attaque sanglante contre la synagogue de Jérusalem ayant provoqué la mort de sept personnes, dont les deux assaillants palestiniens, les forces israéliennes ont entamé mercredi les démolitions punitives des maisons de Palestiniens auteurs d’attentats. 

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Une pratique controversée, y compris au sein des forces israéliennes, et jugée contre-productive, car susceptible d'envenimer la situation et de raviver la tension. Ce qui s’est produit mercredi à Jérusalem-Est, le quartier palestinien, où le logement détruit n’est désormais plus qu'un trou béant, provoquant de nouveaux heurts entre palestiniens et policiers israéliens.

Trois nouvelles familles ont reçu une notification formelle que leur maison allait être détruite. Celles des auteurs de l'attentat de mardi à la synagogue doivent s'attendre à la même infortune : Benjamin Netanyahu en a donné l’ordre.

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Dans ce quartier de Jérusalem, partie palestinienne annexée et occupée par Israël, les deux assaillants de la synagogue sont désormais considérés comme des héros et des martyrs. Sous la tente dressée par la famille pour recevoir les condoléances, les visages juvéniles des deux cousins sont placardés jusque sur la façade. “Personne n’aurait imaginé ça”, témoigne leur oncle.

Mais rapidement, le choc laisse place à l’admiration. Les plus jeunes, comme Islam, 17 ans,  en ont déjà fait des héros. “Ca m’a choqué, mais je suis heureux qu’ils l’aient fait. Nous n’avons pas d’autre choix “. Son ami renchérit et assure comprendre leur passage à l’acte : “nous  vivons reclus ici, et tant qu’Israël nous maintiendra sous son occupation, nous subirons les provocations de la police, des soldats et des colons”. “Tant qu’ils nous empêcheront de prier librement, ceci arrivera encore”, prédit le jeune homme. 

Une rage que les plus âgés peinent à canaliser. Ahmed, 60 ans, voit monter cette colère chez ses enfants et petits-enfants. “Ils sont jeunes et sont tellement en colère… Voilà pourquoi ils font des choses pareilles”,  tente-t-il d’expliquer.

Dans ce contexte houleux, la municipalité israélienne de Jérusalem a approuvé la construction de 78 nouveaux logements dans deux quartiers de colonisation à Jérusalem-Est. Une décision qui ne devrait pas apaiser les tensions. 
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