Prix Nobel de physique : le "boson" de quoi ?

Le prix Nobel de Physique 2013 a été décerné mardi au belge François Englert et au britannique Peter Higgs pour leurs travaux sur le "boson de Higgs", une particule élémentaire considérée par les physiciens comme la clef de voûte de la structure fondamentale de la matière.
Le prix Nobel de Physique 2013 a été décerné mardi au belge François Englert et au britannique Peter Higgs pour leurs travaux sur le "boson de Higgs", une particule élémentaire considérée par les physiciens comme la clef de voûte de la structure fondamentale de la matière. © REUTERS
  • Copié
Charles Carrasco avec AFP , modifié à
ON VOUS EXPLIQUE TOUT - Cette particule, dont la découverte a été couronnée par le prix Nobel de physique, est responsable de toute la masse qui nous entoure.

L'INFO. C'est la recherche fondamentale qui a été récompensée mardi par le prix Nobel. L'académie vient de décerner le prestigieux prix à deux physiciens, le Britannique Peter Ware Higgs et le Belge François Englert. Les deux hommes, âgés respectivement de 80 et 84 ans, sont récompensés pour leurs travaux sur "la découverte théorique d'un mécanisme qui contribue à notre compréhension de l'origine de la masse des particules subatomiques, appelé le boson de Higgs et qui a récemment été confirmée", a annoncé le comité Nobel dans un communiqué.

21.12 boson.higgs.jpg

© Capture-Revue Science

Le "boson" de quoi ? de qui ? Le Boson BEH (Brout-Englert-Higgs, du nom de ses trois théoriciens), c'est d'abord l'histoire d'une mystérieuse particule recherchée depuis 1964. Peter Higgs, un physicien anglais, avec ses collègues belges Robert Brout et François Englert, ont découvert "sur le papier" qu'il pourrait exister une particule élémentaire qui compose le champ de Higgs dont l’interaction avec les autres particules détermine leur masse. En clair, la clé de voûte de la structure fondamentale.

Le boson, c'est comme une soupe... Concrètement, le boson de Higgs est une sorte de champ gravitationnel dans l'espace. Sans lui, les particules qui constituent l'univers seraient restées éparses, comme dans une soupe, et n'auraient pas pu s'agréger pour donner naissance aux étoiles, aux planètes et même à la vie. "L'idée, c'est que des particules cognent sans arrêt contre des bosons de Higgs, ce sont ces chocs qui les ralentissent et qui leur donnent l'apparence d'une masse", explique le physicien et philosophe français Etienne Klein. Exemple : lorsqu'un homme tente de traverser une foule en courant et heurte des gens, cela "va ralentir sa course". Autre comparaison possible : un champ de Higgs ressemblerait à une sorte de colle où les particules se retrouveraient plus ou moins engluées, ce qui serait perçu comme leur masse.

> EN VIDEO : Comprendre le Boson de Higgs avec les frères Bogdanoff

boson de higgs REUTERS 930620

© REUTERS

Comment les chercheurs en sont arrivés là ? Pour parvenir à cette découverte, les scientifiques du LHC (Large hadron collider) au CERN ont dû recréer les conditions les plus proches possibles du "Big Bang", le moment de la création de l'univers. Dans leurs efforts pour isoler les plus petits composants de la matière, les physiciens ont découvert plusieurs séries de particules élémentaires : quarks, électron, neutrinos, etc. Autant de briques de la matière qui interagissent entre elles, par l'intermédiaire de "messagers", les fameux bosons.

>>> Vous n'avez toujours pas compris ? Ecoutez, John Ellis, physicien, qui nous explique grâce à la métaphore de la neige, ce qu'est le boson de Higgs.

Et pourquoi on surnomme ce boson "la particule de Dieu" ? Loin de prétendre à un rôle divin, le boson de Higgs doit son surnom de "particule de Dieu" à un livre dont l'éditeur américain avait changé le titre. Le prix Nobel de physique Leon Lederman voulait titrer The Goddamn particle (La fichue particule) pour exprimer la frustration de recherches vaines jusque-là. Et l'éditeur a coupé "damn", craignant peut-être que "goddamn" soit perçu comme injurieux. D'où le titre final, The God particle (La particule de Dieu), qui a fait croire que le physicien voulait au contraire insister sur le rôle clé, ou le caractère insaisissable de cette particule traquée pendant plusieurs décennies.