Le Costa Concordia flotte à nouveau

Le chantier du Costa Concordia dans la baie de Giglio, en Toscane.
Le chantier du Costa Concordia dans la baie de Giglio, en Toscane. © Reuters
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avec Virginie Riva et AFP , modifié à
SORTIE DES EAUX - Le paquebot naufragé depuis janvier 2012 a été renfloué lundi. Mais il n'est pas encore déplaçable. 

La résurrection d’un mastodonte. 114.000 tonnes de métal rouillé et rongé par le sel devraient flotter comme un bouchon sur l’eau d’ici la fin de la semaine. Lundi, l’opération de renflouement du Costa Concordia a commencé, et le paquebot flotte désormais à un mètre au dessus du fond marin, a annoncé Franco Pocellachia, l'un des ingénieurs responsables de l'opération. Un défi technique sans précédent pour arracher aux fonds marins cet énorme paquebot qui avait fait naufrage le 13 janvier 2012 devant l’île italienne du Giglio. 32 personnes avaient alors péri dans l’accident. Nick Sloane, le Sud-Africain en charge de la manœuvre et spécialiste mondial de la remise à flot des navires échoués, s’est dit lui-même "un peu nerveux" avant de tenter le coup. Et pour cause, jamais une telle opération n’avait été lancée pour renflouer un bateau de pareille taille.

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Une prouesse d’ingénierie. Pour parvenir à ses fins,  l’équipe de techniciens a injecté une formidable masse d’air dans les trente caissons qui entourent l’épave de 115 mètres de long. Grâce à ce flotteur géant, le navire s'est ensuite relevé. Après cette opération, il sera déplacé d’une trentaine de mètres et maintenu à flots grâce à 36 câbles d’acier et 56 chaînes. C’est en tout cas ce qu’espère Costa Croisières, propriétaire du navire, qui compte ensuite démanteler le mastodonte marin dans le port de Gênes. Et définitivement tourner la page du Costa Concordia, la plus noire de son histoire.

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1.1 milliard d‘euros investis pour l’opération. Mais justement, cette page pourrait bien s’assombrir un peu plus encore si l’opération de renflouement venait à échouer. "Le risque, c'est que le bateau se casse ou que les chaînes qui soutiennent sa coque se rompent", avait souligné dimanche Nick Sloane. A ce moment, la manœuvre deviendrait très dangereuse pour les 42 personnes embarquées sur l’épave pour la bonne réussite de cet exploit technique, au coût aussi démesuré que l’est le paquebot : 1.1 milliard d’euros investis conjointement par Costa Croisières et le consortium américano-italien Titan-Micoperi.

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Des dégâts environnementaux. La faune et la flore aquatique de la baie du Giglio risquent également de pâtir de l’opération. Giorgia Monti, de l’association écologiste Greenpeace, a prévu d’envoyer une équipe d’observateurs pour constater les dégâts causés par la carcasse du paquebot sur l’écosystème de l’une des réserves marines les plus importantes d’Europe. D’autant plus qu’on ne sait pas encore si la compagnie va laisser le chantier installé au fond de l’eau une fois l’opération achevée.

Seul Matteo va le regretter. Depuis son bar qui borde le port, Matteo est peut-être l’un des seuls à s’attrister du départ du Concordia. L’épave qui gît encore dans la baie lui assurait une rente non négligeable. Et pour cause, les ouvriers du chantier étaient des habitués : "Vous comprenez, moi le problème c’est que lorsque le bateau sera parti moi je travaillerai moins. Rendez-vous compte, il y a au moins 300 ou 400 personnes qui viennent ici tous les jours, même pour un café. Mais bon il faut bien que le bateau s’en aille." 

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