La presse italienne et la "lepénisation" de la France

Claude Guéant a suscité l'ire transalpine en refusant d'accueillir les immigrés transalpins.
Claude Guéant a suscité l'ire transalpine en refusant d'accueillir les immigrés transalpins. © MAXPPP
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Plana Radenovic , modifié à
REVUE DE WEB - L'Italie se déchaîne contre Paris, qui refuse d’accueillir ses migrants.

Le "face à face" entre le ministre de l’Intérieur Claude Guéant et son homologue italien Roberto Maroni vendredi fait la Une de la majorité des sites des quotidiens transalpins. Silvio Berlusconi a déclenché les hostilités jeudi en concédant des permis de séjour à 25.000 nord-africains arrivés en Italie du 1er janvier au 5 avril. Claude Guéant a aussitôt prévenu que la France refusait de "subir une vague d’immigration tunisienne". Une déclaration qui a suscité l’ire de Roberto Maroni : "je comprends qu’il y a des élections en France en 2012 et que Sarkozy subit la concurrence de l’extrême-droite, mais mettre des troupes aux frontières est la plus grosse erreur", a-t-il asséné, jeudi soir lors de l'émission télévisée Porta a Porta. Et d’ajouter que si elle refuse d’accueillir les immigrés en provenance d’Italie, la France n’a qu’à "sortir du traité Schengen".

Vendredi, la presse italienne titre sur "l’affrontement", ou le "bras de fer" Italie-France, déroulant même le lexique de la « guerre ». Et les sites des médias transalpins théâtralisent le "face à face" Roberto Maroni – Claude Guéant à Milan, durant lequel les deux ministres devront trouver un accord sur l’immigration.

La Ligue du Nord et le Pdl "déclarent la guerre à la France"

Et tous les journaux fustigent Claude Guéant, "l’homme qui murmure à l’oreille de Sarkozy", selon le quotidien milanais La Stampa. Nicolas Sarkozy est loin d’être épargné, accusé de toutes parts de courir après Marine Le Pen pour des raisons électoralistes. "La lutte contre l’immigration (pas seulement clandestine) est le cœur de la présidence Sarkozy", analyse le directeur adjoint de La Stampa Cesare Martinetti, dans un article titré : "Souffle le vent Le Pen".

Pour l’Unità, quotidien communiste, "la Ligue du Nord, soutenue par le Pdl (le parti de Berlusconi ndlr) déclare la guerre à la France". Et cite le sénateur Paolo Franco (Ligue du Nord), qui a invité les Italiens à "ne plus passer leurs vacances en France".

Sarkozy, "déjà en campagne électorale"

Cesare Martinetti dénonce également la "lepénisation des esprits", générée et utilisée pour des "raisons électoralistes". "Sarkozy est déjà en pleine campagne électorale", poursuit-il.

Il Giornale, quotidien de droite appartenant à la famille de Silvio Berlusconi, dresse le même constat : la "réaction intransigeante" du gouvernement français est due à un climat de "campagne électorale", face à la "droite galopante de Marine Le Pen".

Des propos tenus par le ministre des Affaires étrangères italiens Franco Frattini, dans une interview au Messagero : "la ligne dure de la France sur l’immigration est due au fait que Marine Le Pen, leader d’une droite xénophobe, arrive à influencer les positions des candidats à la présidentielle les plus crédibles".

Le quotidien d’ordinaire plutôt modéré Il Tempo se lâche dans son éditorial, intitulé "Colonialistes dépourvus d’humanité". "Les Français trahissent la déclaration des droits de l’Homme", et la "Fraternité" (en français dans le texte). "Nous avons donné une leçon de réalisme, d’humanité et de civilité à la France et à l’Europe. Où sont les racistes", conclut l’édito.