35 ans de prison pour "Douch"

© REUTERS
  • Copié
Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
L’ancien chef du centre de torture S-21 a été reconnu coupable de crime contre l’humanité.

Il est resté impassible à l’énoncé de la sentence. Le tribunal mixte chargé de juger les crimes du régime khmer rouge a condamné lundi l'ancien chef du centre de détention et de torture S-21, Kaing Guek Eav dit "Douch", à 35 années d'emprisonnement.

Une condamnation inférieure aux réquisitions du procureur, qui avait demandé la peine maximale de 40 années de réclusion, et à la perpétuité réclamée par nombre de Cambodgiens pour conclure un des épisodes les plus sombres du XXe siècle. "La chambre a estimé qu'il y avait des facteurs atténuants importants qui requièrent une peine d'emprisonnement limitée plutôt que la réclusion à vie", a dit le président du tribunal.

1,7 millions morts

Plus de trente ans après la fin du régime des Khmers rouges, Douch a été reconnu coupable de meurtre, torture, viol, actes inhumains, crimes contre l'humanité et d'autres chefs d'accusations pour avoir dirigé une prison symbolique du régime, responsable de la mort de 1,7 million de personnes entre 1975 et 1979.

L'ancien instituteur, âgé de 67 ans, a reconnu avoir supervisé la torture et les meurtres de plus de 14.000 personnes dans le centre S-21. Le tribunal l'a condamné à 35 ans de prison, mais sa peine effective ne sera que de 30 ans, sa détention par l'armée cambodgienne entre 1999 et 2007 ayant été jugée illégale.

"Il n'y a pas de justice"

A l'énoncé du verdict, l'ancien tortionnaire n'a manifesté aucune émotion, mais de nombreux Cambodgiens ont éclaté en sanglots dans la salle d'audience, tandis que des milliers d'autres étaient réunis autour d'écrans de télévision pour assister en direct au jugement.

"Il n'y a pas de justice. Je voulais la prison à vie pour Douch", a dit Hong Sovath, 47 ans, dont le père, un diplomate, a été tué au centre S-21. Khan Mony, dont la tante a été exécutée après être passée par cette prison, s'est dite effondrée. "Le verdict n'est pas juste (...) Douch a tué tellement de gens. Si ce tribunal était juste, les gens auraient été calmes et l'auraient accepté", a-t-elle dit.

Quatre autres dirigeants devant la justice

Il a invoqué les remords de Douch et sa coopération avec cette cour mixte mise en place par la justice cambodgienne et les Nations unies, dont c'est le premier verdict. Quatre autres anciens dirigeants khmers rouges doivent comparaître pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.