11-septembre : "vous allez nous tuer"

Les cinq accusés risquent la peine de mort.
Les cinq accusés risquent la peine de mort. © National September 11 Memorial and Museum
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avec AFP , modifié à
Le procès du 11-septembre a repris samedi, avec les cinq terroristes présumés.

C'est peut-être le "procès du siècle". Les cinq accusés des attentats du 11 septembre 2001 ont commencé à comparaître samedi devant la justice militaire de Guantanamo, neuf ans après leur arrestation. Ils sont accusés d'être responsables de la préparation et de l'exécution des attentats du World Trace Center, qui ont fait 2.976 morts. "L'accusation est prête à procéder dans l'affaire Khaled Cheikh Mohammed contre États-Unis", a déclaré le chef procureur, le général Mark Martins.

Le Pakistanais Khaled Cheikh Mohammed, qui a revendiqué "de A à Z" la paternité des attentats, son neveu Ali Abd al-Aziz Ali, mais aussi le Yéménite Ramiz ben al-Chaïba ainsi que les Saoudiens Wallid ben Attach et Moustapha al-Houssaoui encourent la peine de mort.

Silence brisé

"Vous allez nous tuer", a crié Ramzi ben al-Chaïba au début de l'audience. "Peut-être que vous n'allez plus nous voir, il s'agit de la manière dont nous sommes traités. Vous allez nous tuer et dire ensuite qu'on s'est suicidés" a-t-il lâché. Un peu plus tôt, David Nevin, l'avocat du cerveau présumé des attentats Khaled Cheikh Mohammed, avait annoncé que son client ne s'exprimerait probablement pas à l'audience car il est "profondément préoccupé par l'équité de cette procédure". Depuis le début de la matinée, les cinq accusés avaient gardé le silence pour marquer leur mécontentement.

Détenus dans un quartier de haute sécurité de la prison de Guantanamo, à Cuba, ils ont été conduits dans un tribunal militaire spécialement conçu à leur intention. Les débats sont retransmis - avec un différé de 40 secondes, et le cas échéant censurés - sur écran géant dans quatre bases militaires situées sur le sol américain.

Rendez-vous dans un an ?

Mais ce procès pourrait encore attendre au moins un an, à moins que Khaled Cheikh Mohammed, qui veut mourir en "martyr", ne plaide coupable. Les observateurs s'attendent à ce qu'il se serve de l'audience comme d'une tribune pour invectiver les États-Unis, qu'il considère comme "le grand Satan". Les actes de torture que les accusés disent avoir subis pendant les trois ans de leur détention dans une prison secrète de la CIA devraient être au centre des débats devant la justice militaire, très critiquée par les avocats de la défense pour son manque d'équité et de légitimité.

C'est la relance d'un procès qui était au point mort depuis l'investiture de Barack Obama à la Maison blanche, en janvier 2009. Le président américain avait en effet stoppé la procédure devant la justice militaire et décidé de juger les cinq complices présumés devant la justice de droit commun à New-York. Mais les républicains du Congrès ont bloqué tout transfert de suspects de terrorisme sur le territoire américain.