1,5 million de Brésiliens dans la rue contre Dilma Rousseff

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Noémi Marois avec AFP
INTERNATIONAL - Dans les principales villes du pays, des manifestants ont protesté contre la corruption et demandé le départ de la présidente.

Aux couleurs de leur pays, 1,5 million de Brésiliens sont descendus dans la rue dimanche, dont un million rien que pour la ville de Sao Paulo. Corruption, affaire Petrobras mais aussi malaise économique… les Brésiliens n'avaient jamais été aussi nombreux à protester depuis la fronde sociale de 2013. Leur principale demande ? La destitution de la présidente Dilma Rousseff, issue du parti des Travailleurs et réélue de justesse en octobre 2014. Le gouvernement a annoncée dans la foulée de nouvelles mesures pour contrer la corruption, mais sans parvenir à calmer les esprits. 

"Dilma dehors !". Dans 80 villes du pays, des cortèges verts et jaunes se sont formés, regroupant au total 1,5 million de personnes, selon le décompte de la police militaire. "Dilma dehors !", "A bas la corruption!", "le Brésil n'est pas une dictature bolivarienne"… les manifestants réunis essentiellement grâce aux réseaux sociaux, ont protesté contre le pouvoir en place. 

Sans étiquette politique officielle, des militants déçus du Parti des Travailleurs au pouvoir pouvaient côtoyer dans les défilés des membres de l'opposition voire des groupuscules d'extrême-droite. Aecio Neves, leader de l'opposition et rival malheureux de Rousseff lors de la dernière présidentielle, a tout de même posté une vidéo dans laquelle il se félicite : "le chemin commence seulement à être tracé, et nous n'allons pas nous disperser".

Petrobras, le scandale de trop. La corruption, déjà visée dans les manifestations de 2013, a été encore une fois attaquée dans les cortèges de dimanche. Le gouvernement actuel est particulièrement fragilisé par l'affaire Petrobras, un scandale de corruption révélé en mars 2014 et qui touche le géant pétrolier du pays mais aussi de grandes entreprises de BTP. Ils auraient formé un cartel afin de se départager les marchés et surfacturer leurs frais. Ils auraient au passage arrosé de pots-de-vin la coalition de centre-gauche dont faisait parti le parti des Travailleurs, finançant ainsi leurs campagnes électorales. 

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© EVARISTO SA / AFP

Dans le cadre de cette enquête, 49 hommes et femmes politiques font partie des suspects dont le président du Sénat et le trésorier du parti des Travailleurs. Si Dilma Rousseff n'a pas été citée, elle apparaît pour beaucoup de Brésiliens responsable de ce scandale car au moment des faits, elle était ministre de l’Energie, ministère de tutelle de Petrobras, et puis chef de cabinet du président Lula, son prédécesseur. 

Un climat économique morose. La défiance envers les politiques vient se rajouter à une crise économique. La septième puissance économique mondiale est en effet au bord de la récession. L'inflation s'accélère, les déficits publics se sont creusés et le real, la monnaie nationale, s'est déprécié de 30% en 12 mois face au dollar.

Revenant sur ses engagements électoraux, Dilma Rousseff dont la popularité a chuté de 19 points en février, s'est même résolue à un ajustement budgétaire douloureux, critiqué dans son propre camp. 

Des mesures rendues inaudibles. Alors que dans les cortèges, la destitution de la présidente était réclamée, le ministre de la Justice, José Edouardo Cardozo, a annoncé dimanche soir des mesures pour combattre la corruption : "il est nécessaire de fermer la porte d'entrée de la corruption politique au Brésil en interdisant le financement des campagnes électorales par les entreprises, comme cela se fait dans d'autres pays". Des paroles qui ont eu peu d'impact puisqu'au même moment, les Brésiliens s'adonnaient à un concert de casseroles organisé dans les plus grandes villes du pays.  

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