Le coach vocal de Macron se livre pour la première fois

Emmanuel Macron, lors de son discours de lancement de campagne, le 10 décembre 2016, à Paris.
Emmanuel Macron, lors de son discours de lancement de campagne, le 10 décembre 2016, à Paris. © AFP
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Ancien baryton, Jean-Philippe Lafont a conseillé le candidat à la présidentielle jusqu'à son élection. 

C'est, sans l'ombre d'un doute, le déraillement de voix le plus connu de la dernière campagne présidentielle. Le 10 décembre 2016, Emmanuel Macron s'égosille devant 10.000 militants venus l'écouter lancer sa campagne, porte de Versailles, à Paris. Fin du discours : le timbre du président se déchire en criant "Parce que c'est notre prooojeeeet !.." Devant sa télé, le coach vocal de celui qui allait devenir président s'affole : "Aïe, aïe, aïe (...) il s'excite, j'ai mal à la gorge pour lui." L'homme s'appelle Jean-Philippe Lafont, c'est un ancien baryton. Il se confie pour la première fois dans le Parisien depuis l'élection d'Emmanuel Macron.

"Est-ce que j'ai bien suivi vos conseils ?" Pour ce discours, Jean-Philippe Lafont avait mis Emmanuel Macron en garde. "Demain, des milliers de militants crieront : 'Macron président !' Attention à ce raz de marée sonore qui risque de vous déstabiliser. Ne cherchez pas à recouvrir cette puissance populaire", explique le pro de la diction de 66 ans. Un avertissement pas suffisamment pris en compte. "Est-ce que j'ai bien suivi vos conseils ?", demandera plus tard l'élève Macron au professeur. "Pas trop. Vous avez forcé. Vous payez l'addition", lui répondra le baryton.

"Il parlait plus bas pour gagner en maturité." Pour corriger le tir, s'ensuivent alors avec ce professeur une vingtaine d'heures de travail de diction, de maîtrise du timbre de la voix, jusqu'à l'élection. Et quelques confidences du futur chef de l'Etat. "Il m'a confié que, comme on lui reprochait d'être trop jeune, il parlait plus bas pour gagner en maturité", relate Jean-Philippe Lafont. Des résultats payants pour le grand soir, le jour de son élection. Jean-Philippe Lafont se félicite encore de son discours devant la Pyramide du Louvre : "Quels progrès ! Ce soir-là, ça avait vraiment de la gueule", se remémore-t-il.