Pourquoi l’automobile doit se réinventer

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Jérémy Maccaud , modifié à
TRANSPORTS DE DEMAIN - Environnement, santé, économie : les défis portés par les technologies hybrides et électriques sont multiples et cruciaux.

Il y a 20 ans, elles n’étaient encore que des concepts. Aujourd’hui, les voitures 100% électriques et hybrides roulent. D’après les chiffres du ministère de l’Ecologie et de l’Energie, sur les quelque 1.800.000 véhicules neufs vendus sur notre territoire en 2013, seuls 46.730, soit 2,6%, embarquent une technologie hybride. Quant aux modèles "tout-électrique", 8.781 véhicules, soit 0,5%, ont su séduire.

Des chiffres faibles, mais en hausse constante, signe de l’intérêt suscité par ces nouvelles technologies. Et ce n’est que le début. Le salon international de l’automobile, qui s’ouvre à Genève le 6 mars, a prévu de dérouler un tapis rouge de 870m2 à la voiture électrique. L’automobile doit se réinventer. Une nécessité tout à la fois énergétique, environnementale, sanitaire et industrielle. La preuve par quatre.
 
En 10 ans, les prix du pétrole ont flambé. Le baril de brut est passé d’une quarantaine de dollars à une centaine. Une augmentation directement répercutée sur les tarifs à la pompe, les automobilistes voyant ainsi leur budget carburant exploser. "Mais ils n’ont pas réduit leur consommation pour autant, en faisant des économies ailleurs", constate Serge Enderlin, auteur de L’après-pétrole a commencé (Seuil, 2009). Et ce n'est pas près de s'améliorer, l’or noir étant une ressource limitée. "Le pétrole facile d’accès, peu profond, comme celui d’Arabie-Saoudite, va s’épuiser rapidement dans 10 ou 20 ans", professe ce spécialiste des questions énergétiques. "Il existe encore beaucoup de sources à exploiter, sous l’Arctique par exemple. Mais c’est un pétrole difficile à extraire, loin de tout. Il demande beaucoup d’infrastructures et d’investissements." Les prix des carburants n’ont donc pas fini leur escalade. Jusqu’à l’épuisement.
 
Les transports, premiers émetteurs de gaz à effet de serre. Les rejets massifs de gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère contribuent à augmenter l’effet de serre et à dérégler le climat. Or, en France, si 36% des émissions totales de CO2 émanent de tous les moyens de transports confondus, la route seule est incriminée à hauteur de 33,6% ! D’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui donne ces chiffres, les voitures relâchent près de 130 Mt de CO2 chaque année. Une constante depuis 2001. Pourtant, les constructeurs ont produit de gros efforts techniques pour développer des moteurs à essence ou diesel moins gourmands et plus propres, répondant à des réglementations sans cesse plus restrictives. Mais ces progrès s’annulent malheureusement avec le nombre de voitures qui augmente constamment sur les routes.
 
La circulation automobile, responsable de 19% des émissions de particules fines. Rejetées par les moteurs diesel, les particules fines pénètrent en profondeur dans les poumons puis dans les vaisseaux sanguins. C’est désormais prouvé : en cas de longue exposition, elles peuvent déclencher des pathologies très graves, comme des cancers. A ce titre, les gaz d’échappement des moteurs diesel sont depuis juin 2012 classés comme "cancérogènes certains" par le Centre international de recherche sur le cancer, un organe dépendant de l’OMS.
 
Aucun pays n’est plus concerné que la France. Les deux constructeurs nationaux PSA et Renault ont misé gros sur ce type de motorisation, présenté depuis des décennies comme moins cher et plus propre. Au point que deux voitures sur trois roulent aujourd’hui au gazole sur notre territoire. Un record mondial et un problème de taille.

Un nouveau relais de croissance pour les constructeurs. Miser sur l'électrique et l'hybride, plusieurs marques automobiles françaises et étrangères ont tenté le pari, pour relancer leur activité et gagner de nouvelles parts de marché. Et ça marche, par exemple, pour le Japonais Toyota qui, depuis 2008, trône à la première place mondiale des constructeurs, boosté par sa gamme hybride. Sur les 6 millions de voitures vendues l'année dernière, plus de 1 sur 6 est une hybride. Dans cette veine, Mitsubishi souhaite à court terme voir 20% de sa production future adopter cette technologie. Signe qu’une nouvelle ère est proche ?

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