En attendant le progrès

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Jérémy Maccaud , modifié à
RESPONSABILITÉ – Porteurs d’espoirs, les voitures hybrides et électriques ne sont pour l’heure pas assez accessibles au grand public. D’ici là, on peut tous faire des efforts.

En ce mois de mars 2014, la France a dû prendre des mesures exceptionnelles alors que des pics de pollution atmosphérique records ont été mesurés sur l’ensemble du pays. Un fléau qui a tué 7 millions de personnes en 2012, selon les récentes déclarations de l’OMS. En attendant la lointaine démocratisation des voitures vertes, qu’est-ce que nous pouvons faire ? Éléments de réponse.

Une France timide

Des objectifs européens. La plupart des mesures visant à baisser les émissions de polluants dans l’atmosphère émanent de l’Europe. D’ici à 2020, la moyenne des voitures neuves vendue par les constructeurs ne devra pas dépasser les 95 g de CO2 par km.

Un plan auquel PSA Peugeot Citroën et Renault sont déjà parés. "C’est dans leur viseur depuis 2009, ils atteindront cet objectif sans difficulté", juge Lorelei Limousin, chargée de mission transports au sein du Réseau action climat-France (RAC-F). "Il faut maintenant fixer un objectif à long terme pour être plus efficace, au niveau de 60 g de CO2 par km à l'horizon 2025. Ce qui correspond au projet gouvernemental d’avoir une voiture française consommant 2 l aux 100 km, soit 50 g CO2/km, dès 2020."

Restreindre les véhicules polluants ? Contrairement à nombre de ses voisins, l’Hexagone ne fait rien dès qu’il s’agit de réserver l’accès de certains endroits aux véhicules les plus propres. Le projet d’implanter des Zones d’actions prioritaires pour l’air (Zapa), évoqué lors du Grenelle II, a été abandonné en 2013. La mesure risquait de pénaliser les budgets les plus restreints.

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© Reuters

Sur le Vieux Continent, près de 200 villes utilisent un système de ce type. A Berlin seules les voitures les plus vertes sont autorisées à entrer dans le centre-ville. Résultat : le taux de particules fines a baissé d’au moins 5%. Londres, de son côté, utilise depuis 2003 un péage urbain pour réduire sa circulation. S’il y a moins de voitures dans les rues, les effets sur la qualité de l’air sont peu sensibles.

L’épineux problème du diesel. Le parc automobile français est celui qui compte le plus de motorisations au gazole. Or, c’est celui qui relâche le plus de particules nocives dans l’atmosphère. Au point qu’au Japon, il a pratiquement disparu de la circulation.

S’il est vrai que les nouvelles générations de moteurs équipés de filtres sont plus propres, bien du travail reste à faire chez-nous. Mettre en place une taxation plus équilibrée est une solution proposée par le RAC-F : "L'écart de 18 centimes entre le diesel et l’essence doit être comblé. A terme, 6,9 milliards d'euros pourront être dégagés." De quoi financer les transports alternatifs ?

Tous les automobilistes ont un rôle à jouer

Il revient aussi à tout un chacun de faire des efforts. Dès que possible, utiliser les transports en commun et les modes actifs comme le vélo et la marche. Un conseil qui s’applique facilement aux petits trajets. "Là où les Danois effectuent 18 % de leurs déplacements quotidiens à vélo, seuls 3% sont effectués sur ce mode en France", assure Lorelei Limousin. "Le potentiel du vélo est très intéressant, surtout chez-nous où la moitié des déplacements de moins de 3 km sont faits en voiture !"

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Le covoiturage a le vent en poupe. Au travail, certaines entreprises encouragent leurs employés à se déplacer ensemble. "Sans rien demander, mon entreprise a trouvé des collègues qui vivent à proximité de mon domicile et m’ont mis en relation", témoigne Thibault, 27 ans, employé-frontalier par une grande marque horlogère à Genève, en Suisse. "D’Annecy jusqu’au travail, c’est 70 km par jour. Partager à quatre l’essence et le prix de l’autoroute, c’est très intéressant." D’autres sociétés peuvent accorder des petites primes aux employés qui viennent travailler en vélo. Mais tout cela repose uniquement sur le bon vouloir de l’entreprise.

Pour les autres types de trajets, de nouvelles solutions pour optimiser ses déplacements se sont multipliées. Plusieurs sites internet permettent de trouver une voiture ou des passagers en fonction de sa destination, à l’image de Blablacar. Beaucoup s’organisent sur les réseaux sociaux, comme Facebook : les groupes qui permettent aux automobilistes et passagers de se rencontrer pullulent. Qu’attendons-nous pour y aller ?

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