Les employés américains bientôt "fliqués" sur Facebook ?

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Johann Mise , modifié à
Une loi pourrait contraindre les employés à mettre à disposition leurs informations personnelles sur les réseaux sociaux.

L'INFO. Outre-Atlantique, la Cyber Intelligence Sharing and Protection Act (CISPA) est au centre d'une polémique. Ce projet de loi, dont l'objectif est de faire face aux menaces informatiques provenant notamment de la Chine, de la Russie et de l'Europe de l'Est entend faciliter l'accès du gouvernement américain aux informations personnelles des internautes. Mais le texte, initié par un représentant républicain, fait grincer des dents du côté des démocrates. Un amendement visant à interdire la demande de mot de passe ou tout autre identifiant sur les réseaux sociaux a d'ailleurs été déposé devant la Chambre des représentants, mardi. Sauf qu'il a été rejeté. Conséquence directe si la loi venait à être adoptée en l'état : les patrons pourraient obliger leurs employés à dévoiler leur "identité virtuelle" dans le cadre de leur travail.

La CISPA, pour lutter contre les menaces informatiques. Le projet CISPA a été déposé en novembre 2011 par un représentant républicain nommé Mike Rogers. Son but : légiférer le partage d'informations entre les sociétés privées et le gouvernement américain. Rejetée en 2012, la loi a été de nouveau présentée ce mois-ci, intégrant notamment l'amendement d'Ed Perlmutter député démocrate, portant sur les réseaux sociaux. Verdict : 224 voix contre, 189 voix pour. D'après Ed Perlmutter, il s'agit d'une "aide [aux] individus à protéger leur droit à la vie privée et interdit à l'employeur à usurper l'identité d'un employé sur les réseaux sociaux".

Loin de faire l'unanimité. "Aucun Américain ne devrait avoir à donner son mot de passe pour obtenir un emploi", fustige Ed Perlmutter. "Les employeurs peuvent très bien agir comme des imposteurs, prendre l'identité d'un salarié et continuellement avoir accès, surveiller et peut-être même manipuler les activités d'un salarié sur les réseaux sociaux", craint le député. L'Electronic Frontier Foundation (EFF), très respectée organisation internationale de défense de la liberté d'expression, a évoqué un "acte honteux", l'Union américaine pour les libertés civiles le qualifiant même d"extrême". Enfin, le mouvement de hackers Anonymous a appelé les internautes à une journée de grève en ligne le 22 avril.

Vers un veto d'Obama ? Le président des États-Unis Barack Obama a menacé de poser son véto si cette loi arrivait dans "sa forme actuelle", rapporte le Huffington Post. La Maison-Blanche pointe notamment du doigt "l'absence de protection de la vie privée" du texte. La CISPA doit maintenant être présentée au Sénat, dans les semaines à venir.

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