Pour Axelle Lemaire, Google "nuit aux start-up"

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avec Thomas Sotto , modifié à
INTERVIEW E1 - La secrétaire d'État chargée du Numérique regrette "le manque de lisibilité" sur la manière dont Google référence ses résultats.

Après des années d'enquête, la Commission européenne a officiellement lancé, mercredi, une procédure à l'encontre de Google, qu'elle accuse d'abus de position dominante avec son moteur de recherche en ligne. Pour Axelle Lemaire, secrétaire d'État en charge du Numérique invitée d'Europe 1 jeudi, le géant américain outrepasse ses droits en Europe.

"Des effets néfastes pour les consommateurs". En lançant une procédure qui pourrait aboutir à une sanction historique (qui pourrait s'élever à 6 milliards d'euros), on pourrait croire que Google est victime de son succès, lui qui occupe "plus de 95% de parts du marché" de la recherche en ligne en France. Il n'en est rien pour Axelle Lemaire : "La question n'est pas de savoir si Google est coupable, mais si sa position dominante a des effets néfastes pour la libre concurrence et pour les consommateurs".

Les concurrents ne parviennent pas à survivre. La concurrence en matière de moteurs de recherche existe : on peut notamment citer Bing, Yahoo! ou encore le Français Qwant. Mais ces concurrents "ont beaucoup beaucoup de mal à faire leur place", pointe du doigt la secrétaire d'État. Le problème, c'est que Google, comme ses adversaires directes, est dans une stratégie de diversification de services.

C'est à dire qu'outre le moteur de recherche, le géant américain affiche également sa messagerie en ligne maison (Gmail), son comparateur de prix (Google Shopping), son logiciel de cartographie (Maps), sa plateforme de vidéos (YouTube) ou encore son magasin d'applications pour smartphones (Google Play pour Android). "C'est sur cette fonction 'Shopping' que la commission a décidé de concentrer ses griefs, où elle accuse Google de pratique discriminatoire en favorisant son propre comparateur de prix", explique Axelle Lemaire.

Lemaire : "La libre concurrence doit s...par Europe1fr

La Commission européenne joue-t-elle le protectionnisme ? En taclant Google, Bruxelles serait-elle en train de forcer un protectionnisme exacerbé ? "C'est un reproche qu'on entend souvent de la part du gouvernement américain, mais il ne s'applique pas ici. L'union européenne a plutôt été très bon élève en matière de libre concurrence. Mais il ne faudrait pas appliquer ces règles à des acteurs qui sont extracommunautaires. La libre concurrence doit s'appliquer à tout le monde", assure l'ancienne membre de la commission des Affaires européennes, déjà en charge du numérique.

Un "manque de lisibilité" pour les utilisateurs. Google est arrivé le premier sur le marché de la recherche en ligne, ce qui, à terme, l'arrivée des nouveaux entrants très difficile. En conséquence, cela "nuit notamment aux start-up, aux entreprises innovantes" et introduit "un manque de lisibilité sur la manière dont le moteur de recherche référence les résultats", constate la secrétaire d'État. Pour Axelle Lemaire, "le rôle des gouvernements est de trouver un équilibre" pour accepter l'arrivée des nouveaux entrants. Quant à l'éventuel "démantèlement de Google", évoqué par certains députés européens, "la question arrivera peut-être, mais en bout de chaîne", a commenté la secrétaire d'État au Numérique.

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