Zied et Bouna : les policiers blanchis ?

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avec Félix Biaud , modifié à
Un non-lieu a été requis pour les policiers impliqués dans la mort des deux ados en 2005.

C’est un réquisitoire qui pourrait réveiller les vieux démons des émeutes urbaines de 2005. Le parquet de Bobigny a en effet réclamé un non-lieu pour deux policiers mis en cause dans la mort de Zied Benna et Bouna Traoré le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-Bois. Poursuivis par les forces de l’ordre, les deux adolescents s’étaient cachés dans un transformateur EDF, où ils avaient trouvé la mort par électrocution.

Les gardiens de la paix en question, une policière stagiaire qui avait répondu à des appels d'une patrouille au standard et un policier qui était sur place, se voient reprocher de n'avoir pas donné de suite alors qu'ils savaient que les adolescents étaient entrés dans le transformateur.

Trois semaines d'émeutes

"Le policier présent sur le terrain avait le devoir de faire des vérifications pour voir s’il y avait quelqu’un sur le site EDF avant de déclencher l’alerte générale et notamment de faire couper le courant. Ce policier a effectué ces vérifications en montant sur une poubelle puis sur un monticule pour avoir un autre angle de vue. Ce policier a acquis la conviction qu’il n’y avait personne sur le site EDF. Les policiers ont fait leur devoir", a précisé pour Europe 1 Sylvie Moisson, procureure de Bobigny.

A Clichy-sous-Bois, la nouvelle a été accueillie avec incompréhension. "Je ne vois pas comment on peut requérir un non-lieu quand on voit les retranscriptions des bandes sonores qui disent bien que les policiers voient des jeunes franchir les murs, et disent que si jamais ils rentrent ils ne donnent pas cher de leur peau", réagit pour Europe 1 Samir Mihi, président de l’association Au-delà des mots, créée après les émeutes urbaines.

Pas de surprise mais de l'amertume

"Pour nous il doit y avoir un procès, les fonctionnaires de police doivent aller devant la justice pour ce qu’on leur reproche, en l’occurrence non-assistance à personne en danger. Après c’est pas à nous de juger.", poursuit-il. "La nouvelle n’est pas encore arrivée jusqu’aux jeunes. Ça va être de l’écoeurement, de la colère, mais on espère sincèrement qu’elle ne s’exprimera pas dans la rue, mais à travers des manifestations pacifistes pour respecter la mémoire de Ziet et Bouna, par respect pour leur famille aussi."

Même discours du côté de Jean-Pierre Mignard, avocat des familles de deux jeunes. "Ce n’est pas tout à fait une surprise, mais c’est une amertume", a-t-il déclaré sur Europe1, en soulignant que selon lui "les policiers sont coupables d’un délit de non-assistance à personne en danger".

La mort des deux adolescents avait provoqué un émoi considérable à Clichy-sous-Bois, mais aussi dans de nombreuses autres cités de France. S’en étaient suivies trois semaines d’émeutes urbaines impressionnantes, qui avaient été relayées par les médias du monde entier. 300 bâtiments et 10.000 véhicules avaient été incendiés, et 130 policiers et émeutiers avaient été blessés.