Yvelines : une pharmacienne condamnée pour abus de faiblesse sur ses voisins nonagénaires

La pharmacienne doit également payer 80.000 euros d'amende. Image d'illustration.
La pharmacienne doit également payer 80.000 euros d'amende. Image d'illustration. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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Europe1.fr avec AFP , modifié à
La commerçante a été condamnée à deux ans de prison, dont 14 mois avec sursis. Les sommes approchent les 500.000 euros. 

Une pharmacienne de 59 ans a été condamnée lundi à Versailles  à 10 mois de prison ferme pour avoir abusé de la faiblesse de ses voisins nonagénaires dont elle prenait soin, pour des sommes atteignant près de 500.000 euros.

Le tribunal correctionnel a condamné la prévenue à deux ans de prison dont 14 mois avec sursis et 80.000 euros d'amende. Son fils, lui aussi poursuivi, a été en partie relaxé mais condamné pour "recel d'abus de faiblesse" à 3.000 euros d'amende.

En mai 2014, se refusant à rejoindre une maison de retraite, deux habitants de Sonchamp, dans les Yvelines, âgés de 93 et 95 ans, acceptent l'aide de leur voisine, qu'ils connaissaient depuis une dizaine d'années et qui leur avait proposé de s'occuper d'eux.

Elle avait racheté l'assurance-vie du couple. Ils lui confient une carte bancaire, lui donnent procuration sur leur compte et, eux qui n'avaient pas d'enfant, modifient leur testament en sa faveur. Mais en août 2016, Tracfin, la cellule anti-blanchiment de Bercy, fait un signalement. L'enquête alors ouverte met au jour des chèques et retraits atteignant 221.500 euros sur 18 mois. La prévenue avait également racheté l'assurance-vie du couple et leur maison en viager, portant le total de ces opérations à 467.000 euros.

Les époux étant décédés en 2017, c'est leur légataire universelle, leur nièce, qui s'est portée partie civile à ce procès.

"À l'audience du 19 mars, la pharmacienne avait assuré que "les dépenses" étaient "justifiées", affirmant qu'elles avaient financé le quotidien du couple, leurs soins et des travaux: "Je ne me suis pas enrichie, pas d'un seul centime", avait-elle assuré. Son fils avait également nié toute infraction à la barre.

"Il ne restait plus rien". "Ils avaient confiance en elle, elle s'est servie de cette confiance", avait au contraire plaidé Me Paul Couture, avocat de la nièce. "Les chiffres sont simples : au jour de leur mort, il ne restait plus rien", avait-il conclu.

La prévenue était par ailleurs mise en cause pour l'emploi d'une aide à domicile qui travaillait pour elle et le couple, une jeune Tunisienne qui n'a reçu que quelques centaines d'euros en salaire entre 2013 et 2016, sans congés ni liberté de mouvement, selon l'accusation. Dans ce second volet du dossier, elle a été relaxée pour les infractions de "soumission d'une personne vulnérable à des conditions de travail indignes" et "traite d'être humain". Le tribunal a estimé que les rattrapages de salaires demandés par la plaignante relevaient du conseil des prud'hommes.