Des "community managers" à l'assaut de la propagande djihadiste

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Manuel Valls a annoncé de nouvelles mesures contre la propagande djihadiste (illustration) © AFP/CHRISTOF STACHE
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B.W. avec AFP , modifié à
L'Etat veut mettre en place deux cellules de "community managers" pour lutter contre la propagande djihadiste, a annoncé Manuel Valls.

La France veut attaquer les djihadistes sur le terrain du web. L'Etat veut créer deux cellules de "community managers", chargées de lutter plus efficacement contre la propagande djihadiste sur Internet, a annoncé mercredi soir Manuel Valls. "Nous allons donc mettre en place un bataillon de community managers de l'Etat pour opposer, et c'est plus difficile, une parole officielle à la parole des djihadistes et ne pas leur laisser l'espace numérique", a-t-il annoncé.

Le "coeur de cible". Ce "bataillon" prendrait la forme de deux cellules, a-t-on précisé du côté du Service d'Information du gouvernement (SIG), chargé du projet : l'une étatique, avec des fonctionnaires issus de ministères, et l'autre, qui serait adossée à une fondation privée, animée par des militants associatifs. Rappelant que le gouvernement avait déjà créé début 2015 un site internet "Stop Djihadisme" qui a permis de toucher les familles de jeunes radicalisés, Manuel Valls e a expliqué qu'il s'agissait désormais de "franchir une nouvelle étape" en s'adressant "au cœur de cible, les jeunes en voie de radicalisation eux-mêmes".

Des policiers et des hackers. L'objectif est de mettre en place ces deux cellules, dont les effectifs ne sont pas encore arrêtés, avant la fin de l'année, a précisé le directeur du SIG Christian Gravel. Quant à ces community managers, un poste généralement chargé de gérer l'image des entreprises sur les réseaux sociaux, "on va recruter non pas que des policiers, mais aussi des 'hackers'", a suggéré Manuel Valls. 

La "fondation", a dit Manuel Valls, "fera de la recherche sur l'évolution du discours et de la propagande djihadiste". "Nous produirons des outils de contre-discours pour alimenter ces 'community managers' que j'évoquais, et qui pourront ainsi croiser le fer plus efficacement avec les recruteurs djihadistes sur la toile pour ouvrir les yeux à ceux qui sont embarqués dans cette logique" de radicalisation violente, a proposé le Premier ministre.

Une parole difficile à contrer. Le chef du gouvernement a reconnu qu'il était "difficile pour les autorités, pour l'Etat et j'allais dire presque pour les adultes de s'adresser directement aux jeunes concernés", car "les djihadistes utilisent la théorie du complot pour décrédibiliser justement la parole officielle". "Il faut reconnaître que leurs sites, leurs actions, leurs paroles - je mets des guillemets pour pas qu'il y ait d'ambiguïté - sont très bien faits, très efficaces. C'est une véritable propagande moderne pour attendre les esprits, les coeurs et les cerveaux", a-t-il déploré.

Le Premier ministre a donné un nouveau pointage du nombre de résidents français "impliqués" dans les filières djihadistes en Syrie et en Irak, qui a atteint 1.704 personnes, contre 1.573 lors d'un dernier bilan effectué par Manuel Valls fin avril.