Valentin : des experts encore divisés

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avec Fabienne Le Moal , modifié à
Certains experts estiment que le meurtrier présumé de Valentin peut être jugé. D'autres non.

Stéphane Moitoiret, le meurtrier de Valentin, et sa compagne sont-ils en état de comparaître devant une cour d'assises ? La question est au cœur de l'audience à Bourg-en-Bresse. Dix experts parmi les plus renommés se succèdent à la barre depuis vendredi matin pour tenter d'éclairer les jurés sur l'état mental de ce couple de marginaux.

Chose assez rare, ils sont très divisés sur la question. Ces experts sont pourtant habitués à des dossiers complexes comme ceux des tueurs en série Michel Fourniret ou Guy Georges. S'ils sont tous convaincus de la psychose et des troubles mentaux dont est atteint Stéphane Moitoiret, six d'entre eux, soit une courte majorité, considèrent qu'il doit être responsable pénalement du meurtre deValentin.

Reconnecter l'accusé à la réalité

C'est le cas de la première experte psychiatre à passer à la barre vendredi matin, le docteur Agnès Peyramond. Elle a pourtant assuré n'avoir jamais vu un tel "délire à deux", un cas extrêmement rare. Stéphane Moitoiret lui a par exemple confié que Chirac et Sarkozy avaient fait échouer leur mission divine. Stéphane Moitoiret a en outre été conforté dans son délire par le discours mystique de sa compagne.

A partir de là, comment juger responsable un homme qui délire autant ? Pour l'experte, la réponse est simple : parce qu'après avoir tué de 44 coups de couteau le petit garçon, il s'est ressaisi et a cherché à fuir. Lorsqu'aujourd'hui il affirme que ce n'est pas lui, il a conscience de la gravité des faits. Pour cette experte, ce procès pourrait d'ailleurs avoir une vertu thérapeutique : reconnecter Stéphane Moitoiret à la réalité.

"La première fois et j'espère la dernière"

Le Dr Bensussan a remis en cause les conclusions de deux autres experts.  "C’est la première fois que je vois deux grands dingues, dignes de l’asile, des fêlés, dans le box d’une cour d’Assises", s'est emporté le psychiatre vendredi après-midi à la barre.

"C’est la première fois et j’espère la dernière", a ajouté le Dr Bensussan, surpris que ses deux collègues aient pu estimer que Stéphane Moitoiret pouvait être jugé. "Ils se sont pris les pieds dans le tapis", a-t-il souligné.

S’il le médecin ne décolère pas, c’est parce qu’il pense que ce procès a lieu pour de mauvaises raisons. Il est impossible de "reconnecter les accusés à la réalité", a-t-il dit et surtout, parce qu'on a promis aux parents "de juger de l’assassin de leur enfant"."C’est une imposture", tempête le Dr Bensussan. "On leur a menti en leur promettant que Stéphane Moitoiret pourrait leur donner des explications sérieuses sur son geste fou".Sept psychiatres doivent encore passer à la barre d’ici lundi soir.