Uriage : libération confirmée du suspect

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avec Jean-Luc Boujon , modifié à
La cour d'appel a décidé de confirmer la libération, sous contrôle judiciaire, de Monsif Ghabbour

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble l'a confirmé jeudi matin : Monsif Ghabbour, soupçonné d’être impliqué dans le braquage du casino d'Uriage-les-Bains et mis en examen pour "vol avec arme" et "tentative d'homicides volontaires" contre des policiers début septembre, reste libre, tout en étant placé sous contrôle judiciaire. C'est la décision qu'avait déjà prise début septembre le juge des libertés et de la détention, provoquant une vive polémique.

Le parquet avait alors décidé de faire appel. Reprenant à son compte la colère des forces de l’ordre, Nicolas Sarkozy était lui-même intervenu dans le débat, commentant : "je pense aux policiers qui se sont donné tant de mal pour retrouver ce délinquant, c'est bien difficilement compréhensible qu'on le remette en liberté dans ces conditions".

Un dossier trop fragile

Cette fois, ce sont trois juges de la chambre de l'instruction qui ont tranché. Dans leur arrêt, ils ont estimé que "si un faisceau de coïncidences troublantes permet de penser que [Moncif Ghabbour] pourrait avoir commis les faits", il n'y a pas de "certitude ou quasi-certitude quant à sa participation". Le suspect, lui, nie les faits. De plus, il a un alibi, confirmé par les témoignages de quatre personnes, pour la nuit du braquage du casino.

Les trois juges soulignent par ailleurs dans leur décision que l'enquête policière a été "handicapée par le manque de temps et les pressantes sollicitations à interpeller rapidement le complice en fuite". Une critique directe de la pression politique exercée dans ce dossier. L'avocat de Monsif Ghabbour, Me Dreyfus, a lui salué un signe de "l'indépendance de la justice". "Par les temps qui courent, cette décision est exemplaire", a-t-il ajouté, interrogé par Europe 1.

De la "présomption d'innocence"

Le responsable départemental du syndicat Unité SGP Police-Force ouvrière, Daniel Chomette, a jugé la décision de la cour "incompréhensible". "On balaie d'un revers de main le travail d'investigation qui a été effectué", a-t-il déploré, au micro d'Europe 1. "Nous espérons que le gouvernement va enfin comprendre qu'il y a des règles de droit, telles que la présomption d'innocence, qui s'appliquent à tout le monde", a répliqué Virginie Duval, secrétaire nationale de l'Union syndicale des magistrats.

Le braquage du casino d'Uriage-les-Bains a été le point de départ de trois nuits d’émeutes violentes dans la banlieue de Grenoble, notamment dans le quartier de La Villeneuve dont était originaire le second braqueur présumé Karim Boudouda, qui a été tué lors d’une fusillade avec la police.