Une patiente subit quatre amputations, le médecin est mis en examen

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© MEHDI FEDOUACH / AFP
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avec AFP
Le gynécologue est mis en cause pour ne pas avoir prescrit assez rapidement des antibiotiques pour contrer une infection nosocomiale. 

Le drame remonte à 2011 mais n'avait été révélé qu'en 2014. Priscilla Dray, après à une IVG qui a mal tourné, avait été amputé des quatre membres. À la suite de sa plainte, le gynécologue-obstétricien du CHU de Bordeaux qui l'avait pris en charge a été mis en examen mercredi pour "blessures involontaires", sur la base d'un rapport d'expertise diligenté dans le cadre de l'instruction.

Une simple IVG. En juillet 2011, la patiente, une Bordelaise de 36 ans, a été infectée, lors d'une banale IVG, par une bactérie dévastatrice qui détruit les tissus, le streptocoque pyogène de type A. Prise en charge à l'hôpital, elle a dû être amputée des deux pieds, de l'avant-bras droit et de la main gauche, avait précisé le quotidien Sud Ouest, qui avait révélé l'affaire.

Prise en charge deux fois par les urgences. Alors qu'un médecin généraliste, selon la victime, avait rapidement diagnostiqué une septicémie, le médecin de l'hôpital est mis en cause pour ne pas avoir prescrit des antibiotiques qui auraient pu limiter les dégâts de cette infection particulièrement nécrosante. Ce gynécologue-obstétricien était de garde au lendemain de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) subie par la jeune femme. Pendant ce week-end là, elle s'était rendue à deux reprises aux urgences, se plaignant d'une forte fièvre et de douleurs. Les antibiotiques n'avaient été prescrits qu'en fin de journée, le dimanche, deux jours après l'intervention. Les premiers résultats d'analyse, eux, n'étaient tombés que mardi permettant enfin de poser un diagnostic précis.

"Cela affecte le médecin". "On est sur un dossier complexe", a indiqué  l'avocat du praticien, Maître Arnaud Dupin, qui a fait savoir qu'il avait demandé au juge d'instruction une contre-expertise. "Pour moi, cela ne rentre pas dans le cadre de l'infraction pénale. Il y a toute une chaîne de responsabilités que l'instruction devra déterminer". "Il y a un côté dramatique qui rappelle qu'aujourd'hui aucune opération n'est bénigne", a-t-il ajouté. "Cela affecte le médecin qui est d'abord là pour soigner".