Un terroriste en fuite en Haute-Loire

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C.B avec AFP , modifié à
Saïd Arif était assigné à résidence depuis sa sortie de prison en 2011. Le plan Epervier est déclenché.

Les gendarmes l'attendent toujours. Alors qu'il devait pointer à la gendarmerie de Brioudes, en Haute-Loire, le terroriste islamiste Saïd Arif a pris la fuite samedi soir, à bord d'une voiture volée. Le militant islamiste de nationalité algérienne était pourtant assigné à résidence depuis octobre 2012, a-t-on appris dimanche auprès du procureur du Puy-en-Velay Jacques Louvier. Un plan Milan - l'autre nom du plan Epervier - a été déclenché pour le retrouver.

Évadé depuis samedi soir. Ne le voyant pas apparaître au petit déjeuner dimanche matin, le fils du gérant de l'hôtel de Brioude où réside le terroriste, a donné l'alerte. Sa fuite ne faisait plus aucun doute vers 9 heures du matin, quand les gendarmes ont constaté qu'il ne pointait pas à la gendarmerie, comme il y était astreint chaque jour. Saïd Arif devait en effet se signaler quatre fois par jour entre 9 heures et 19 heures, sept jours sur sept, a précisé une source policière. Selon les premiers éléments, Saïd Arif aurait pris la fuite à bord de la voiture de la belle-fille du gérant de l'hôtel qui a été volée dans la soirée de dimanche.

Déjà condamné pour fuite. Ce n'est pas la première fois que le militant islamiste prend la fuite. En 2012, il a été condamné par le tribunal correctionnel de Rodez à 6 mois de prison pour la violation d'un arrêté similaire. "Le fait de violer un arrêté de cette nature (d'assignation à résidence, ndlr) est une infraction pénale passible de 3 ans emprisonnement", a rappelé le procureur a saisi le SRPJ de Clermont-Ferrand, Jacques Louvier. "Il est donc en état de récidive", a ajouté le procureur.

Il participait au recrutement de combattants. Avant son procès de 2007 où il a été condamné à 10 ans de prison pour des faits de terrorisme, Saïd Arif avait été mis en examen et écroué en 2004 pour "appartenance à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" par le juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière, dans le dossier des filières de recrutement de combattants en Tchétchénie. Ce "djihadiste aguerri", comme l'avait qualifié le ministère de l'Intérieur en 2004, avait été poursuivi avec d'autres islamistes pour avoir projeté des attentats en France en 2001-2002, sur la Tour Eiffel notamment. Après sa libération en décembre 2011, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait suspendu son expulsion en demandant à la France de ne pas le renvoyer en Algérie.

Formé dans les camps Afghans. Par ailleurs, le parquet a ouvert à l'encontre de ce militant islamiste une enquête en avril pour apologie de crime terroriste, rapporte France 3 Auvergne. Confiée au SRPJ de Clermont-Ferrand, l'enquête fait suite à des déclarations à un hebdomadaire catholique de la Haute-Loire, Renouveau, le 21 mars dernier. Il y déclarait que "les attentats suicide ayant une dimension économique sont le meilleur moyen de lutte pour les islamistes", avant d'ajouter : "avec une voiture piégée, vous tuez 150 à 200 personnes."

"Un individu dangereux". Né le 5 décembre 1965 à Oran, Saïd Arif, lieutenant déserteur de l'armée algérienne, s'est notamment rendu en Afghanistan où il a été formé dans les camps d'entraînement d'Al Qaïda. Lors d'un déplacement dans les Yvelines sur la sécurité routière, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a estimé que Saïd Arif était "incontestablement un individu dangereux". "Il avait tenu des propos inacceptables à un organe de presse. Tout est fait pour le retrouver", a-t-il ajouté.