Un surveillant jugé pour avoir tabassé un détenu

Un surveillant d eprison (photo d'illustration)
Un surveillant d eprison (photo d'illustration) © AFP
  • Copié
Guillaume Biet avec CB , modifié à
A l'époque, ses collègues avaient couvert les violences. L'histoire aurait pu en rester là si le surveillant n'avait pas été confondu par des écoutes téléphoniques. Le parquet a requis contre lui quatre mois de prison avec sursis.

C'est une affaire qui a failli ne jamais voir le jour. A Montpellier, un surveillant de prison comparaît jeudi devant le tribunal correctionnel pour avoir violemment frappé un détenu, il y a trois ans. A l'époque, ses collègues avaient couvert les violences. L'histoire aurait pu en rester là si le surveillant n'avait pas été confondu par des écoutes téléphoniques. Au cours de l'audience, le prévenu a reconnu avoir porté des coups au détenu, chose qu'il avait toujours nié jusque là. Le parquet a requis contre lui quatre mois de prison avec sursis. Le jugement doit être rendu jeudi après-midi.

Il abandonne le prisonnier, nu, le nez cassé. Il est presque minuit ce soir-là, à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, dans l’Hérault. Un détenu fait en sorte d'être transféré au quartier disciplinaire pour espérer ensuite changer de prison. Six surveillants viennent le chercher. Mais un seul, le plus haut gradé, entre avec lui dans la cellule du quartier disciplinaire. Au moment de la fouille, le surveillant lui assène un violent coup de tête, puis des coups de pied à terre. Il abandonne le prisonnier, nu, le nez cassé. Et il lui retire son matelas.

Le juge les met sur écoute. Le lendemain, la cellule est maculée de sang. Mais personne ne signale l'incident. La nuit est calme. Le prisonnier, lui, porte plainte. Les surveillants sont alors entendus. Leurs versions concordent : il ne s'est rien passé.

Pris d'un doute, le juge tente de les piéger. Il place d’abord les gardiens sur écoute téléphonique, puis  leur fait savoir qu'ils sont une nouvelle fois convoqués chez les gendarmes, pour observer comment ils réagissent. Une démarche qui porte ses fruits.

Les surveillent craquent. Avant d'être réentendus, les surveillants téléphonent à leur délégué syndical pour demander conseil, avant de tout raconter. Face aux enquêteurs, les surveillants craquent : "oui", ils ont bien couvert leur supérieur, qui avait même du sang sur sa chaussure.

Face au juge, le surveillant, lui, a continué de nier les faits. Il risque trois ans de prison et l'interdiction d'exercer.