Policiers tués : trois personnes toujours en garde à vue

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A Magnanville, dans le quartier pavillonnaire où le commandant de police et sa femme ont été attaqués mortellement à l'arme blanche (Yvelines). © AFP
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Alain Acco, Chloé Triomphe et Chloé Pilorget-Rezzouk , modifié à
Un couple de fonctionnaires de police a été assassiné à Magnanville, dans les Yvelines. Le suspect, qui s'est revendiqué de l'EI, a été abattu par le Raid. Trois de ses "relations" sont en garde à vue.

Un policier tué de plusieurs coups de couteau, sa compagne retrouvée morte "une plaie au cou". Larossi Abballa, auteur présumé de ce double assassinat commis lundi soir à Magnanville (Yvelines), a été abattu par le Raid lors de l'assaut au domicile du couple où il s'était retranché. L'Etat islamique a revendiqué cette attaque contre ces deux fonctionnaires du ministère de l'Intérieur. Alors que des perquisitions ont eu lieu toute la matinée, trois personnes ont été placées en gardes à vue.

Les principales informations à retenir :

  • Un couple, deux fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, a été tué. Leur fils de trois ans, présent lors du drame, est "choqué, mais indemne".
  • Le meurtrier se nomme Larossi Abballa, il a été abattu lors de l'assaut par le Raid
  • L'Etat islamique a revendiqué ce double assassinat
  • Trois personnes ont été placées en garde à vue

Le déroulé du drame. Entre 20 heures et 20h20 lundi soir, alors qu'il rentre chez lui, un commandant de police de 42 ans, chef adjoint au commissariat des Mureaux, est attaqué. Frappé de neuf coups de couteau à l'abdomen, il meurt devant chez lui. "Le terroriste meurtrier a ensuite séquestré la compagne du policier, âgée de 36 ans, et leur jeune enfant, un petit garçon de trois ans et demi, avant d'assassiner la jeune femme à l'arme blanche", a détaillé le procureur de la République de Paris, François Molins, lors d'un point presse mardi après-midi. L'épouse du policier était secrétaire administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie. Le couple avait aussi un enfant de dix ans, né d'un premier lit, absent lors du drame. 

Alertés par des voisins, les policiers de la BAC locale, puis du Raid sont arrivés rapidement sur place. A minuit, l'assaut est donné. Le suspect est mortellement touché. D'après les informations d'Europe 1, Larossi Abballa s'est jeté sur les policiers de l'unité d'élite un couteau à la main. Sain et sauf, "mais en état de sidération", le petit garçon a ensuite été pris en charge par les équipes médicales. 

Il avait prêté allégeance à l'EI. Quelques heures à peine après le double assassinat, l'organisation terroriste a revendiqué via Amaq, son agence de presse, qu'un "combattant de l'Etat islamique" (EI) avait tué le couple, selon le centre américain de surveillance de sites djihadistes, SITE. Durant les négociations avec le Raid, Larossi Abballa a affirmé être "musulman pratiquant et faire le ramadan", avant d'indiquer "avoir prêté allégeance, trois semaines plus tôt, au commandant des croyants de l'Etat Islamique Abou Bakr Al-Baghdadi", a précisé François Molins. 

Le terroriste a précisé qu'il avait répondu à un appel du porte-parole de l'EI, cheihk Abou Mohammed Al-Adnani, diffusé peu avant le ramadan, et qui demandait de "tuer des mécréants, chez eux, avec leurs familles". Il a aussi indiqué qu'il connaissait "la qualité de policier de la victime", et a menacé de faire tout exploser si les policiers investissaient les lieux. Sur place, les enquêteurs n'ont retrouvé que trois téléphones et trois couteaux, dont l'un ensanglanté. 

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© AFP

Larossi Abballa, sur la page Facebook à son nom, suspendue depuis mardi matin. 

Rappeurs, policiers et journalistes ciblés sur une liste. Au domicile du couple de fonctionnaires assassinés, les enquêteurs ont également mis la main sur une "liste de cibles". Celle-ci mentionne quelques personnalités, mais surtout des professions : journalistes, députés et maires, rappeurs surnommés les "alliés de Satan", policiers ou encore surveillants pénitentiaires. Dans cette vidéo de revendication postée sur un compte Facebook ouvert sous le pseudo "Mohamed Ali", Larossi Abballa appelle à mener de nouvelles attaques et promet qu'il y en aura d'autres : "Nous allons faire de l'Euro un cimetière". La vidéo a été filmée en direct depuis l'intérieur du pavillon des victimes, alors que leur fils s'y trouve encore. 

Des revendications sur Facebook et Twitter. Larossi Abballa a en effet pris soin d'utiliser les réseaux sociaux pour revendiquer son geste. Cette vidéo de 12 minutes a été diffusée à partir de 20h52, selon François Molins, et deux tweets ont également été envoyés via un compte Twitter, ouvert le 8 juin. Selon les informations d'Europe 1, dans le premier message envoyé à 21h20, le meurtrier indique qu'il vient de tuer un policier et sa femme, avoir prêté allégeance à Al-Baghdadi. Puis, une minute plus tard : "Nous aussi Hollande, nous serons et avons été impitoyable (sic) !!!" Tous ces comptes ont été suspendus depuis. 

Le parquet antiterroriste saisi. La section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'affaire et a ouvert une enquête en flagrance pour "assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique", "tentatives d'assassinats sur mineur de 15 ans" et "séquestration", l'ensemble de ces faits étant en relation avec une entreprise terroriste. L'enquête est aussi ouverte pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" criminelle. Les investigations ont été confiées la sous-direction antiterroriste (SDAT), à la police judiciaire de Versailles et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Trois "relations" en garde à vue. Dès mardi matin, des perquisitions ont eu lieu. Aucune arme ou explosif n'ont été trouvés au domicile de Larossi Abballa. Mais "divers documents et du matériel informatique ont été saisis et sont en cours d’exploitation", a indiqué François Molins. Dans le véhicule du suspect, garé à proximité du pavillon, les enquêteurs ont retrouvé un Coran, une djellaba blanche, et deux livres sur l'islam. D'autre part, trois "relations" de Larossi Abballa, trois hommes âgés de 27, 29 et 44 ans, ont été placées en garde à vue mardi matin et à la mi-journée. Parmi eux, de deux de ses comparses de la filière pakistano-agfhane.

Déjà condamné dans un dossier djihadiste. Agé de 25 ans, le jeune homme était bien connu des services de police : d'abord en tant que petit délinquant, puis pour sa radicalisation. Il a en effet été arrêté en 2011, puis condamné en 2013 à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, pour sa participation à une filière djihadiste pakistano-afghane. Fiché "S", l'homme faisait depuis février dernier l'objet d'une surveillance des services antiterroristes en raison de ces liens avec un homme parti récemment pour la Syrie.

Mais son placement sous écoutes judiciaires, début 2016, n'avait rien donné qui permette de déceler "le moindre élément" sur "la préparation d'un passage à l'acte violent" et de justifier une interpellation, a indiqué François Molins. Les policiers vont désormais s'attacher à déterminer si Larossi Abballa avait des complices. Comment a-t-il préparé son projet, et connaissait-il le policier qu'il a assassiné ? Comment a-t-il ciblé ses victimes ? Autant de questions auxquelles vont tenter de répondre les enquêteurs.  

Un "acte terroriste abject". Le président François Hollande a dénoncé "un acte incontestablement terroriste", mardi matin, tout comme Bernard Cazeneuve qui a évoqué "un acte terroriste abject". Ce dernier a annoncé via un communiqué que tous les drapeaux du ministère de l'Intérieur seraient en berne à compter de midi, et jusqu'à vendredi midi. Une minute de silence sera observée mercredi dans tous les services.