Un hôpital poursuivi pour avoir employé de faux infirmiers

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Frédéric Michel avec Chloé Pilorget-Rezzouk et AFP , modifié à
Une aide-soignante et un agent hospitalier ont été affectés des années durant, sans le diplôme requis d'infirmier, au bloc opératoire de l'hôpital de Thann, dans le Haut-Rhin.

"Pas vu, pas pris. Ces pratiques n'ont plus lieu d'être", insiste l'avocat de l'Ordre national des infirmiers (ONI) à l'origine de la plainte qui vaut au centre hospitalier de Thann, dans le Haut-Rhin, d'être renvoyé devant le tribunal correctionnel pour complicité "d'exercice illégal de la profession d'infirmier" par deux de ses employés du bloc opératoire, a-t-on appris mardi. D'après Jean-Christophe Boyer, la direction de l'hôpital de Thann a sciemment mélangé le personnel diplômé et non diplômé dans ses blocs opératoires.

Des postes réservés aux infirmiers. Pendant des années, une aide-soignante et un agent hospitalier ont ainsi pratiqué des gestes réservés à des infirmiers. Des gestes loin d'être anodins dans un univers qui se doit de rester stérile. "Dans cette affaire il n'a pas été montré que des patients aient subi des conséquences. Mais potentiellement il pourrait y en avoir, donc ce n'est pas acceptable, c'est comme une personne conduisant sans permis", a déclaré Didier Borniche, le président de l'ONI, partie civile dans le dossier.

Le personnel circulant est en effet chargé de gérer la zone non stérile de la salle d'opération et les besoins de l'équipe stérile, comme la transmission des instruments stérilisés ou le réglage du projecteur de la table d'opération.

20 ans d'exercice sans le diplôme approprié. Mais pour l'avocat de l'hôpital, Me Didier Klamer, les deux agents étaient suffisamment formés et ne se cachaient pas pour travailler : "Ce n'est pas une dissimulation en tant que tel, puisque c'était quelque chose de tout à fait officiel, non seulement connu sur l'hôpital de Thann, mais aussi dans l'ensemble du monde hospitalier." "Il y a même une des personnes qui exerçait cette fonction pendant 20 ans sans le titre d'infirmier", ajoute-t-il au micro d'Europe 1.

L'affaire de Thann est "le plus abouti des dossiers en cours", sur une "dizaine" de procédures similaires entamées par l'Ordre national des infirmiers contre des établissements hospitaliers affectant du personnel non infirmier à des fonctions de circulants, selon l'avocat de l'Ordre, Me Jean-Christophe Boyer.

L'hôpital victime d'un "combat corporatiste" ?  "Si vous rentriez dans le bloc opératoire, ces personnels n'étaient pas en bleu de travail mais en tenue de bloc opératoire, stérile de la tête au pied", insiste, quant à lui, Me Klamer auprès d'Europe 1. Et l'avocat de dénoncer "un combat corporatiste". La justice a d'ailleurs écarté toute poursuite pour mise en danger d'autrui et aucune personne physique ne sera jugée. L'audience devant le tribunal correctionnel devrait se tenir avant la fin de l'année.