Un ex-directeur de prison va être jugé

En août 2004, Johnny Agasucci est battu à mort dans sa cellule par son codétenu, Sébastien Simonnet.
En août 2004, Johnny Agasucci est battu à mort dans sa cellule par son codétenu, Sébastien Simonnet. © MAX PPP
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avec AFP et Pierre de Cossette , modifié à
La justice veut savoir s’il y a eu un dysfonctionnement dans l’attribution des cellules.

Pourquoi Johnny Agasucci, ce jeune détenu de 25 ans tué dans sa cellule, s’est-il retrouvé à cohabiter avec un autre détenu condamné pour des actes de torture et de barbarie ? Dans cette affaire, la chambre de l’instruction de Nancy, en Meurthe-et-Moselle, a décidé, mercredi, de renvoyer l’ancien directeur de la prison de Nancy devant le tribunal correctionnel pour "homicide involontaire".

Une longue procédure judiciaire

En août 2004, Johnny Agasucci est battu à mort dans sa cellule par son codétenu, Sébastien Simonnet, qui attendait d'être jugé pour avoir, quatre ans auparavant, torturé un autre co-détenu. La famille de Johnny Agasucci dépose alors plainte contre l’ancien directeur de la maison d’arrêt, qui a depuis été fermée, Stéphane Scotto, qui a bénéficié d’abord d’un non-lieu.

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Nancy avait infirmé cette décision, conduisant à la mise en examen de l'ancien dirigeant. Le parquet avait récemment requis un nouveau non-lieu, mais la chambre de l'instruction a estimé qu'il existait des charges suffisantes pour un renvoi devant une juridiction correctionnelle.

"Un agneau avec les loups"

"On ne met pas un agneau avec les loups", s'est insurgée au micro d'Europe 1 la mère de la victime, qui ne comprend pas pourquoi son fils, poursuivi dans un dossier de trafic de drogue, s'est retrouvé dans la même cellule qu'un homme décrit comme psychopathe.

Me Xavier Iochum, avocat de la famille, dénonce le fait qu'"il n'y a pas eu de surveillance particulière de cette cellule, et c'est une faute. Cette décision de renvoi en correctionnelle est très rare pour un directeur d'établissement, donc très importante", a-t-il estimé.

"La vétusté de la maison d'arrêt"

L'avocat de l'ancien directeur, aujourd'hui affecté à l'administration pénitentiaire centrale à Paris, a en revanche exprimé sa "stupéfaction". "M. Scotto et moi sommes abasourdis. C'est le parquet général qui a affecté ce détenu à Nancy ; or, il connaissait son profil psychologique d'une part, et d'autre part la grande vétusté de la maison d'arrêt de Nancy, qui ne comportait pas de cellule individuelle", a déclaré Me Marie Desmet. "C'est toute la chaîne pénale qui est en cause ! Le seul chef d'établissement n'avait pas les moyens d'assurer la sécurité des détenus", a-t-elle encore dit, en précisant "réfléchir" à un éventuel pourvoi en cassation.

Sébastien Simonnet avait été condamné en appel à 30 ans de réclusion criminelle par la Cour d'assises de la Côte-d'Or, à Dijon, en décembre 2009. Lors des faits, en 2004, il purgeait déjà une peine pour des actes de torture et de barbarie commis quatre ans plus tôt. La famille, qui a reçu une indemnisation de l'administration pénitentiaire, espère maintenant que l'ancien directeur de la prison sera condamné.