Un crime en Espagne résolu en France

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et Pierre de Cossette , modifié à
- Les polices européennes partagent de plus en plus des données. Avec succès.

Près de 10 ans après les faits, un homicide sordide, commis en Espagne, a été élucidé... depuis la France. L'enquête sur ce meurtre a pu aboutir grâce à la coopération de plus en plus étroite entre les différentes polices européennes, qui s’entraident en partageant des informations notamment sur les traces d’ADN qu’elles n’ont pas réussi à identifier dans leur pays.

Un meurtre, une trace d’ADN, pas de suspect

Retour sur les faits : en 2002, la police espagnole découvre à Barcelone un homme torturé puis assassiné dans son appartement. Les enquêteurs piétinent, ne disposant que d'une seule piste : une trace d’ADN retrouvée sur un mégot de cigarette. Problème, cet ADN est inconnu des services de police espagnole. L'enquête aurait pu en rester là, sans l’aide des autres polices européennes.

Echange d’informations entre polices européennes

Mais, en 2005, six membres de l’Union européenne signent le traité de Prüm, qui prévoit notamment des échanges d’informations sur les ADN relevés dans des affaires non-élucidées. Dans le détail, un policier français ne peut pas consulter directement les fichiers allemands. Mais s’il dispose d’une trace d’ADN non identifiée, il peut l’envoyer outre-Rhin pour que ses homologues allemands la comparent avec celles qu'ils ont fichées.

Cet accord commence à entrer en vigueur dès 2009 et concerne déjà les pays du Benelux, l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, la Slovénie et la France. Cinq autres pays devraient les rejoindre dès qu’ils auront rempli certains critères de fiabilité et de contrôle des données.

L’assassin de l’Espagnol était détenu en France

Dans le cas de l’affaire de Barcelone, l’échantillon relevé a "parlé" en France. Il correspondait en fait aux empreintes génétiques d'un ressortissant roumain de 33 ans, détenu dans l’Hexagone pour viol. La division des relations internationales de la police judiciaire s'est alors intéressée à son entourage. Les policiers sont tombés sur un frère et un ami, tous deux connus de la justice.

Une vérification très utile puisque l’ADN de l'un avait été retrouvé sur la scène de crime à Barcelone et que le tatouage de l'autre avait été remarqué par un témoin. La police espagnole a ainsi identifié les trois hommes. En deux ans, policiers et gendarmes français ont pu identifier environ 380 suspects grâce à l’aide de leurs partenaires européens et les ont aidés dans près de 760 cas.