Tuerie de Chevaline : le suspect est un ancien policier municipal

Le portrait-robot du motard, diffusé le 4 novembre 2013.
Le portrait-robot du motard, diffusé le 4 novembre 2013. © EUROPE 1
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avec Jean-Luc Boujon, Pierre de Cossette et AFP , modifié à
POINT SUR L'ENQUÊTE - Placé en garde à vue mardi, l'homme est un ancien policier municipal qui habite la région où la famille Al-Hilli a été tuée.

Un an et demi après le quadruple meurtre de Chevaline, un homme de 48 ans, vivant en Haute-Savoie, a été interpellé et placé en garde à vue mardi dans la matinée, a annoncé le procureur de la République à Annecy, Eric Maillaud. Une perquisition a eu lieu au domicile de cet individu, situé à une vingtaine de kilomètres de Chevaline, en présence de sa concubine, selon une source proche du dossier. De nombreuses armes y ont été saisies.

Décrit comme un "montagnard taiseux". C'est "quelqu'un qui habite les environs de Chevaline. Il fait partie des individus sur lesquels les enquêteurs travaillaient dans le cadre de la piste locale", a souligné une source proche du dossier. L'individu a été décrit comme un "montagnard taiseux", vivant comme un marginal. Depuis le début, c'est justement l'arme employée lors de la tuerie - un pistolet utilisé par l'armée suisse il y a une cinquantaine d'années - qui intrigue les enquêteurs.

L'homme, un ancien policier municipal de Menthon-Saint-Bernard en Haute-Savoie, a été radié de la fonction publique pour une affaire de trafic d'essence. Depuis, il aurait été embauché dans une société de sécurité à Genève en Suisse. Chasseur, passionné par les armes, il était régulièrement vu dans la région, circulant en quad. Il est connu sur les bords du lac d'Annecy, mais ne jouit pas d'une très bonne réputation.

Sa présence sur les lieux en question. L'examen du téléphone portable de l'homme "le situe dans la zone au moment des faits" selon des sources proches de l'enquête. Cela ne prouve néanmoins pas sa présence réelle sur les lieux du quadruple meurtre. En effet, l'idée de "zone" est bien plus large que le simple parking sur lequel a eu lieu la tuerie.

"Une forte ressemblance" avec le portrait-robot. "Cette interpellation, qui ne restera peut-être pas unique, est le fruit des témoignages recueillis après la diffusion le 4 novembre 2013 du portrait robot d'un motard, vu à proximité de la scène de crime et recherché par les enquêteurs", a précisé le procureur, ajoutant que le suspect présente "une forte ressemblance" avec le portrait diffusé. L'homme ne présente toutefois aucun lien avec les victimes de la tuerie. Le procureur de la République a annoncé qu'il tiendrait une nouvelle conférence de presse mercredi en début d'après-midi.

La piste d'un tueur local. Cette arrestation, la première en France depuis le début de l'enquête, remet au premier plan la piste d'un tueur local, alors que la justice avait  jusqu'ici envisagé celle d'un conflit familial. Jusqu'à présent, une seule personne avait été arrêtée au Royaume-Uni dans cette affaire : Zaïd al-Hilli, frère de Saad, interpellé le 24 juin 2013, et soupçonné de "complot pour commettre un meurtre". Il avait été remis en liberté provisoire et conditionnelle dès le lendemain, et son contrôle judiciaire a été levé à la mi-janvier.

Autre perquisition en cours. Une autre perquisition a également eu lieu dans une maison à Talloires, une commune voisine huppée qui borde le lac d'Annecy. Un journaliste de l'AFP y a vu des gendarmes sonder le jardin à l'aide d'un détecteur de métaux. En novembre, le village de Lathuile avait déjà fait parler de lui après le meurtre d'une gérante de camping, tuée chez elle par deux hommes cagoulés. Interrogé à l'époque, le parquet d'Annecy n'avait établi aucun lien avec l'affaire de Chevaline.

La tuerie de Chevaline, un drame qui avait marqué les esprits. Le 5 septembre 2012, les corps de quatre personnes avaient été retrouvés sur une route de montagne, dans la commune de Chevaline. Ce jour là, Saad al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique, sa femme de 47 ans, et sa belle-mère de 74 ans avaient été exécutés dans leurs voitures de plusieurs balles. Le corps d'un cycliste français, considéré comme une victime collatérale par la police française, avait également été retrouvé. L'une des fillettes du couple al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous la jupe de sa mère, s'en était miraculeusement sortie indemne.

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