Tuerie à Charlie Hebdo : au cœur de la traque, dans la campagne picarde

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Marc-Antoine Bindler, envoyé spécial en Picardie , modifié à
REPORTAGE - La traque des auteurs de l'attentat s'est concentrée jeudi en Picardie avec un important dispositif policier déployé.

Une petite route au milieu de la forêt, traversant des villages cossus, au cœur d'une campagne vallonnée. Puis soudain, à l'entrée d'un bourg, une quinzaine de policiers du Raid, encagoulés, lourdement armés, apparaissent de chaque côté de la chaussée. C'est là, entre Villers-Cotterêts et Soissons, en Picardie, que s'est concentrée jeudi la traque des auteurs présumés de l'attentat de Charlie Hebdo. Europe 1 a pu pénétrer au cœur du dispositif.  

>> DOSSIER SPÉCIAL - Les dernières infos sur l'attentat de Charlie Hebdo

La station-service de Villers-Cotterets, 640x640

© AFP/FRANCOIS BECKER

La station-service bouclée. En bordure de nationale, à quelques kilomètres au sud de Villers-Cotterêts, une station-essence est bouclée par la gendarmerie. C'est ici que les frères Kouachi sont réapparus, peu avant 11 heures, au lendemain de leur effroyable tuerie. Ils ont braqué l'établissement avant de s'évaporer.

Véhicules banalisés et hélicoptères. A 14 heures, un cortège composé d'une quinzaine de véhicules banalisés file à grande vitesse sur la deux-voies détrempée. Ils bifurquent un peu plus loin, à un carrefour, sur une route perpendiculaire, désormais barrée par la gendarmerie. Un hélicoptère survole la zone. On raconte que les fugitifs seraient désormais à pied.

Traque-2

© EUROPE 1/MAB

"J'ai tout de suite ramené ma fille à la maison". "J'ai croisé un cordon avec une dizaine de voitures de police. Ils étaient cagoulés", raconte un automobiliste qui revient de son domicile situé dans la zone. "J'ai vu des flics et j'ai tout de suite ramené ma fille de l'école à la maison", poursuit-il. Un peu plus loin, une jeune femme enceinte assure que les forces de l'ordre lui ont demandé de faire demi-tour sur le chemin qui la ramenait de la maternité à son lieu de résidence. "Il y a des policiers à chaque carrefour", raconte-t-elle. 

Rencontre du troisième type. À l'intérieur de la zone, les policiers du Raid investissent les villages un par un. Le ratissage se fait maison par maison, jardin par jardin. Les opérations se déroulent sous les yeux ébahis des riverains. 

Ici, les policiers sont invités par une sexagénaire à inspecter un petit cabanon au fond de son jardin "parce que la porte s'ouvre et se ferme toute seule" : le Raid investit le terrain façon commando. Plus loin, un agent, fusil d'assaut à la main, interpelle une riveraine : "Bonjour madame, est-ce que dans quelques instants nous pourrons venir faire une visite de votre maison ?". "Ah s'il vous plaît, oui", rétorque-t-elle. L'inspection se termine sans incident. Les unités d'élites quittent les lieux à la nuit tombée. Avant de passer au peigne fin le prochain village. Dans le ciel, les feux d'un hélicoptère transpercent la nuit. 

>> Un numéro vert a été mis en place par la police judiciaire de Paris pour recueillir les témoignages des personnes susceptibles d'avoir croisé la route des suspects. Voici le numéro de l'appel à témoins : 08 05 02 17 17