Après une troisième nuit de violences, Tourcoing toujours sous tension

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CB avec Lionel Gougelot et AFP , modifié à
La ville a connu une troisième nuit de violence consécutive d'une intensité accrue dans la nuit de mercredi à jeudi, entraînant le placement en garde à vue de 20 personnes dont sept mineurs. Jeudi après-midi, la tension était toujours palpable.

La tension est montée d'un cran, dans la nuit de mercredi à jeudi, à Tourcoing. La ville a connu une troisième nuit de violence consécutive d'une intensité accrue, entraînant le placement en garde à vue de 20 personnes, dont sept mineurs, a-t-on appris jeudi auprès du parquet de Lille. Les échauffourées ont démarré après la mort, ce week-end, d'un jeune de 19 ans, passager d'une voiture, cherchant à échapper à un contrôle.

Un véhicule incendié jeudi. Jeudi après-midi, la tension était toujours palpable dans la ville, des jeunes Tourquennois ayant mis le feu à un véhicule vers 15 heures, nécessitant l'intervention des pompiers protégés par les forces de l'ordre. Les CRS, déployés en nombre, ont ensuite essuyé des jets de pierres de la part d'une cinquantaine de jeunes. Les forces de l'ordre ont dû mettre leur casque et s'armer de matraques et de boucliers pour disperser le groupe. "Il n'y a pas eu d'interpellation et de difficultés particulières", a de son côté indiqué la préfecture du Nord, parlant d'un retour au calme après ce nouvel incident.

A l'origine des violences. Les violences avaient débuté avec la mort lundi soir dans cette ville importante de l'agglomération lilloise d'un automobiliste qui, en tentant d'échapper à un contrôle de police, avait percuté un arbre, blessant également ses deux autres occupants, dont un très gravement, selon une source policière. Une enquête pour éclaircir les circonstances de l'accident a été ouverte.

Des poubelles et des voitures brûlées. Mercredi après-midi, une marche silencieuse, regroupant une centaine de personnes, a été organisée en hommage aux victimes de l'accident de voiture. Elle s'était déroulée sans incident, selon la police.

Quelques heures après, à la nuit tombée, une centaine de personnes se sont regroupées, déclenchant des violences dans la ville. Des groupes de jeunes ont en effet échangé des jets de pierres et de gaz lacrymogène avec la police. Durant la nuit, 14 poubelles et 16 voitures ont été brûlées, nécessitant l'intervention des pompiers, mais sans faire de blessés.

Au terme de cette soirée tendue, 20 gardes à vue "ont été prises pour des violences sur policiers, soit par jets de projectiles, soit avec l'utilisation de véhicules pour foncer sur les policiers, et d'autres gardes à vue ont été prises pour participation à attroupement", a indiqué Bruno Dieudonné, adjoint au procureur de Lille.

Les précédentes nuits également tendues. Depuis trois nuits successives, une quarantaine de véhicules et poubelles ont été incendiées, six véhicules de police et deux bus ont été dégradés, et vingt-quatre individus ont été interpellés, a décompté jeudi la préfecture dans un communiqué. Aucun blessé n'était toutefois à déplorer, selon les pompiers.

"Il y avait eu très peu de gardes à vue sur les premières nuits; les policiers avaient porté leur action sur le maintien de l'ordre", a expliqué l'adjoint au procureur. "Il y avait eu en marge des événements quelques interpellations et gardes à vue, un déferrement pour des faits d'outrage et un autre, prévu ce matin, d'un mineur pour jet de projectile sur policier", a-t-il ajouté.

"On subit, on n'a pas le choix". La préfecture a annoncé un renforcement du dispositif en vue des prochaines nuits. "Près de 150 policiers et gendarmes sont engagés sur le terrain, un hélicoptère appuie l'intervention des forces de l'ordre", peut-on lire dans son communiqué.

Peut-être pas suffisant pour répondre au ras-le-bol des riverains. "Entre les jeunes et la police qui passaient devant chez moi, je n'ai pas pu dormir jusqu'à 5 heures du matin. Ça stigmatise le quartier, on n'a pas besoin de ça", estime un habitant du quartier sensible de la Bourgogne. "J'en ai assez. Les hélicoptères qui patrouillent. Les jeunes qui font le bordel, qui caillassent, qui s'attaquent aux voitures. On subit, on n'a pas le choix", ajoute une autre.